Les banques de données, un outil performant
Parmi les outils de recherche
d’informations, internet est évidemment bien placé.
Pourtant le recours à des banques de données est sensiblement
plus efficient.
Internet semble un vecteur-clé
pour la recherche d’informations…
Joël Rey. Le problème
d’internet, c’est celui de l’exploitation de la masse des
données qu’on y trouve. à travers des moteurs de recherche
comme Google ou Altavista, on a effectivement accès à de
très nombreuses informations, mais souvent redondantes, d’une
faible fiabilité (sites personnels, par exemple) ou répondant
à des logiques de « vitrine » (sites officiels). Et
puis, les moteurs de recherche n’indexent pas forcément toutes
les pages d’un site, donc certaines d’entre elles ne peuvent
pas être retrouvées par ce vecteur…
En plus, on se trouve confronté
à une telle profusion d’informations que la sélection
est difficile. Même avec les ordinateurs les plus puissants, les
experts les plus performants, difficile de ne pas être noyé
!
Pourtant, seule une toute petite
partie de l’information physiquement disponible sur internet est
réellement accessible. En effet, de nombreuses pages sur le web
sont inaccessibles via les moteurs de recherche car il s’agit de
sites protégés par des mots de passe ou par des abonnements
payants, notamment.
Une information à usage professionnel
Vous pensez donc que le recours à des banques
de données commerciales est plus efficace ?
Oui. Absolument. Elles constituent un remarquable outil,
représentant en volume plus de cent fois le Web, et dont la mémoire
peut atteindre quarante ans ! à quoi s’ajoute la puissance
de leurs interfaces de recherche, sans équivalentes. Elles proposent
une information à usage essentiellement professionnel et donc d’une
grande fiabilité (informations datées, sourcées et
documentées) mais aussi indexée et structurée. C’est
un vecteur de recherche qui coûte cher mais ses performances sont
réelles car elles permettent un accès effectif au stock
documentaire dans de bonnes conditions de rapidité et l’extraction
sélective des seuls documents ou passages pertinents. En outre,
des serveurs permettent la recherche unique et simultanée sur des
centaines de banques de données !
L’accès aux banques de données
se fait par internet…
Pour ces banques de données, internet n’est
qu’un moyen de connexion. Et, au passage, on évite la pollution
des messages commerciaux, personnels ou pornographiques que l’on
trouve sur internet.
Quels sont les serveurs les plus importants pour accéder
à ces banques de données ?
Lexis Nexis, qui donne accès à de très
nombreuses archives juridiques et de presse ; Dialog, ou Datastar, qui
rassemblent les banques de données de nombreux secteurs industriels ; Factiva qui ouvre la voie à des publications de 110 pays, ou
encore Questel-Orbit, pour les bases de données dédiées
à la propriété industrielle…
Désaffection française
Pourquoi les entreprises françaises n’utilisent-elles
que peu les banques de données ?
Leur prix joue sûrement un rôle dans cette
désaffection française mais il y a aussi la crainte des
hiérarchies de voir les utilisateurs de telles banques de données
prendre un véritable « pouvoir » sur l’entreprise.
Dans ces conditions, les entreprises françaises préfèrent
souvent avoir recours à des logiciels intelligents pour gérer
leurs stocks documentaires mais aussi favoriser « l’approche
humaine », l’enquête… Or, cette dernière
approche me semble dangereuse car on n’est jamais sûr de ne
pas trahir une source quand on fonctionne ainsi, alors que, dans la recherche
par des banques de données, on travaille sur des sources ouvertes
que l’on peut échanger librement, sans risque de compromettre
quelqu’un, ni de tomber dans l’illégalité…
L’avance américaine vous semble-t-elle
une réalité ?
C’est non seulement une réalité, mais
aussi une évidence. L’état américain a su mettre
en place un mode de relation avec les entreprises qui lui permet d’atteindre
ses objectifs. Et quand les Américains n’ont pas la capacité
de développer par eux-mêmes telle ou telle technologie, eh
bien, ils vont l’acheter ailleurs. Prenez l’exemple des banques
de données importantes : aujourd’hui, elles sont toutes sous
contrôle américain alors qu’au début des années
90, il n’y en avait que la moitié dans ce cas. Les Américains
ont compris que le contrôle de ces sources d’informations professionnelles
était stratégique et ils ont agi en conséquence.
Tous les outils de recherche sont de conception américaine…
à cet égard, la prise de participation américaine
dans Gemplus, le spécialiste français des cartes à
puce, montre bien cette volonté hégémonique dans
ce domaine. Gemplus leur apporte une astucieuse technologie française
qui permet une large palette d’utilisations sécurisées.
La sécurisation de l’information n’est-elle
pas un des défis de l’intelligence économique ?
En matière de sécurisation, rien n’est
jamais absolu. Les cycles sont très courts dans le monde informatique
– de l’ordre d’un an à un an et demi – et l’on
trouve toujours la parade. En plus, les technologies américaines
passent toutes un jour ou l’autre à la National Security Agency
et l’on trouve dans nombre de logiciels américains des «back
doors» qui donnent accès aux fichiers traités.
C’est si vrai que trois pays d’Asie viennent de s’unir
pour développer ensemble une plate-forme sous Unix qui leur permettra
d’éviter le recours à un logiciel américain.
Et les services de l’état français s’efforcent
quant à eux de déceler ces « portes dérobées
» dans les logiciels qu’ils utilisent !…
http://www.constructif.fr/bibliotheque/2004-5/les-banques-de-donnees-un-outil-performant.html?item_id=2571
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