Brigitte Pousseur est directrice de la rédaction.
Avant-propos
Le concept d’intelligence économique est
encore mal connu en France. Ambigu : il renvoie soit à l’espionnage
soit à une méthode de veille concurrentielle apparentée
à un marketing assez classique des grandes entreprises. Abstrait : la terminologie française est moins parlante que la formule anglo-saxonne de « competitive intelligence ».
Pourtant, l’intelligence économique commence
à faire son chemin. à force de volonté au plus haut
niveau de l’état. Grâce à une prise de conscience
par les entreprises de la nécessité de se prémunir
contre une concurrence devenue souvent internationale et parfois déloyale.
« L’intelligence économique est un mode de gouvernance
dont l’objet est la maîtrise de l’information stratégique
et qui a pour finalité la compétitivité et la sécurité
de l’économie et des entreprises », résume
Alain Juillet, nommé, en décembre dernier, Haut responsable
chargé de l’intelligence économique auprès du
gouvernement, quelques mois seulement après que le rapport du député
Bernard Carayon eut alerté le Premier ministre sur la nécessité
de répondre à la « guerre économique
».
Déclinée au niveau territorial, l’intelligence
économique est aussi l’affaire des PME, comme le montrent
les articles de Rémy Pautrat, Philippe Clerc et Frédéric
Speziale, parfois même une question de survie pour les entreprises,
comme l’expliquent, exemples à l’appui, les consultants
Eric Denécé et Jean-Jacques Rechenmann. Elle suppose une
acquisition de savoirs par l’entreprise, que précisent clairement
Henri Dou et François Jakobiak. Mais aussi, sûrement, une
évolution des mentalités françaises, qui pèchent
souvent par excès de naïveté… ou de suffisance.
Les partenariats public-privé qui se nouent aujourd’hui
pour développer de nouvelles attitudes d’alerte et de veille
sur le terrain, la constitution de réseaux de partage d’information,
des démarches de formation à l’intelligence économique,
etc., doivent donc être suivis avec attention, même si certaines
activités sont moins soumises que d’autres à la pression
de la compétition internationale. Charge à chaque chef d’entreprise
de bien définir ce que sont, pour lui, ses connaissances «
vitales » et de les protéger.
Ce numéro de Constructif montre également
que, si un changement des mentalités est nécessaire pour
que les entreprises françaises jouent à armes égales
avec leurs concurrentes étrangères en matière d’information,
il en va de même pour l’état, les administrations publiques
et les parlementaires en matière d’évaluation et de
contrôle des politiques publiques…
http://www.constructif.fr/bibliotheque/2004-5/avant-propos.html?item_id=2545
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