est le chef du département de la physique du Palais de la découverte et président de l'association Objectif Science.
Petite et grande histoire d'internet
En 1969, grâce aux travaux
de plusieurs universitaires américains, quatre ordinateurs
interconnectés aux États-Unis échangent des informations. Aujourd'hui,
le réseau embryonnaire a grandi, reliant plusieurs centaines de
millions d'ordinateurs répartis sur toute la planète ! Il s'agit
d'internet. Le Web, lui, est né au début des années 90 ; il a largement contribué à la croissance d'internet.
C'est en 1962, dans le contexte de la guerre froide, que l'histoire d'internet plonge ses racines. À cette époque, le gouvernement américain cherche à mettre au point un réseau de communication invulnérable. Après quelques années d'études, la solution qui émerge préconise dans ses grandes lignes la mise en place d'un réseau décentralisé, présentant une structure maillée, chaque nœud (ordinateur) étant capable d'envoyer (upload) mais aussi de recevoir (download) des messages.
Pour des raisons de sécurité et de fiabilité dans les échanges d'informations, on envisage la segmentation des messages en petits paquets envoyés séparément au destinataire, chaque paquet pouvant suivre un chemin différent dans le réseau, mais toujours en essayant de s'approcher de la destination, cela afin d'éviter des paquets trop « retardataires ». Dans ce contexte, arrivés à destination, les paquets doivent être rassemblés dans le bon ordre pour reconstituer le message. C'est ce que l'on appelle la technologie
du « packet-switching » ou « commutation de paquets ». Fin 1969, l'ARPA (Advanced Research Project Agency)2, un organisme créé par le ministère américain de la Défense et à qui l'étude du projet avait été confiée, met en réseau quatre ordinateurs distants (trois en Californie et un dans l'Utah), chacun doté de la technologie du packet-switching.
À titre d'essai inaugural, on tente d'échanger l'expression « Log in » (établir connexion) entre deux ordinateurs de ce réseau baptisé Arpanet. La lettre « L », tapée sur le clavier d'un des deux ordinateurs, apparaît sur l'autre il en est ensuite de même de la lettre « o » mais à la lettre « g », le système se plante ! Voilà comment, il y a trente-six ans, le réseau qui allait devenir internet et donner naissance au Web a effectué ses premiers pas. Il s'agissait néanmoins d'une grande victoire, car la transmission des deux lettres « L » et « o » annonçait une véritable révolution. En effet, progressivement, internet se met en place avec ses multiples services : le courrier électronique, le « chat », le Web…
La naissance du courriel
Après la résolution d'un certain nombre de difficultés techniques, Arpanet devient réellement opérationnel, permettant des transferts de données ainsi que la réalisation de calculs longs et laborieux simultanément sur plusieurs ordinateurs distants. Mais, très tôt, surgit un problème : il apparaît que le principal trafic d'informations sur le petit réseau n'est pas relatif aux données scientifiques ou militaires, mais concerne des discussions personnelles entre les scientifiques, notamment des ragots !
On ressent alors l'utilité d'un programme indépendant dédié spécifiquement à la messagerie. L'idée du courrier électronique (e-mail) venait de germer. En 1971-1972, le premier programme pour l'envoi et la réception de courrier électronique (SNDMSG et Readmail) ainsi que le premier logiciel de gestion du courrier (classer, répondre, enregistrer, etc.) sont mis au point. C'est de cette époque que date l'introduction du signe @ dans l'adresse de messagerie que nous utilisons aujourd'hui. En 1973, le courrier électronique représente 75 % du trafic total sur Arpanet ! Depuis, les choses ont bien évolué : de nos jours, ce sont plusieurs milliards de courriers électroniques ou « courriels » qui sont échangés journellement. Cependant, une bonne partie, sinon la plupart, constitue ce que l'on appelle du « pourriel » ou « spam » : il s'agit de messages publicitaires envahissants, non désirés, équivalant aux prospectus qui encombrent nos boîtes aux lettres. Aussi, de nombreux logiciels capables de les éliminer sont apparus sur le marché. Certains sont particulièrement efficaces, mais aucun ne l'est de manière parfaite : en effet, reconnaître un spam exige une capacité intellectuelle dont les logiciels ne sont pas dotés.
Le protocole universel
Au cours des années 70 le nombre de machines connectées à Arpanet augmente. En 1971, il y en avait environ vingt ; en 1972, une quarantaine. La croissance du parc de machines connectées au réseau ne pouvait se faire qu'à la seule condition que les ordinateurs communiquent tous selon le même mode, par commutation de paquets. De plus, il fallait que ces machines soient toutes dotées d'un logiciel qui gère les informations et les paquets selon les mêmes règles et conventions, selon un même protocole. Parallèlement à la croissance d'Arpanet, d'autres réseaux indépendants (tels Ethernet ou Telnet) employant d'autres protocoles voient le jour et croissent à leur rythme. Germe alors l'idée de mettre en réseau tous les réseaux existants. Cela impliquait une normalisation avec mise en place d'une sorte de « charte », un protocole standard universel.
En réponse, Vincent Cerf de l'université de Stanford et le mathématicien Bob Kahn qui travaillait pour la Darpa3 posent en 1974 les bases d'un nouveau protocole, qu'ils baptisent TCP/IP4. Nous l'utilisons encore aujourd'hui. TCP (Transmission Control Protocol) est chargé de segmenter le message en paquets et de réarranger ces derniers à la réception IP est chargé d'assurer l'acheminement des paquets d'ordinateur en ordinateur jusqu'à destination. IP est pour : Internet Protocol. En effet, internet, le réseau des réseaux, était sur le point de naître.
Internet devient réalité avec la mise en place du TCP/IP en 1978. Six ans plus tard, le nombre d'ordinateurs connectés à internet dépasse le cap des 1000 et le Cern (Centre européen de recherche nucléaire) adopte le TCP/IP comme protocole sur son propre réseau interne, le Cernet.
La physique des particules accouche du Web
En 1989, Tim Berners-Lee, un informaticien du Cern, propose de créer sur le site internet de
cette institution un ensemble de documents dits hypertextes et hypermédias5 rattachés les uns aux autres par des liens afin de faciliter la recherche d'information pour les physiciens des particules. Les premiers documents de ce genre voient le jour en 1991 sur le site du Cern. Cet événement marque la naissance du world wide web (w.w.w.) ou Web. En effet, le Web n'est pas internet. Il ne constitue qu'une des fonctions d'internet, les autres étant, par exemple, la téléconférence, ou le courrier électronique (qui existait dès 1971)… On pourraît définir le Web comme un vaste ensemble mondial de documents hypertextes et hypermédias distribués sur internet. En 1993, on dénombrait 600 sites Web aujourd'hui il y en a plusieurs millions.
Se connecter à internet
De même que pour téléphoner il faut être branché sur le réseau téléphonique, il est nécessaire de « brancher » son ordinateur sur le réseau internet afin de mettre sa machine en relation avec une autre. La connexion au réseau peut se faire avec ou sans fil. Dans ce dernier cas, on parle de technologie wi-fi, apparue il y a peu de temps et particulièrement utile avec les portables.
Le plus souvent, la mise en réseau d'une machine passe par les lignes téléphoniques. Il y a dix ans, cette connexion se faisait à l'aide d'un modem. Cet appareil transforme, ou plus précisément « module », le signal numérique délivré par un ordinateur en un autre signal, analogique, lui, afin que l'information puisse être véhiculée à travers le réseau téléphonique vers le modem cible. Celui-ci retransforme ou « démodule » le signal en un signal numérique afin qu'il soit « compréhensible » par l'ordinateur cible. Le terme « modem » a été forgé par la concaténation de modulation/démodulation.
ADSL et Câble ont vu le jour il y a quelques années : tandis que le premier utilise
toujours le réseau des lignes téléphoniques, le second achemine les informations à travers un réseau différent, totalement indépendant. La grande vitesse avec laquelle ces deux types de connexions permettent l'acheminement des informations entre ordinateurs se traduit par l'ouverture quasi instantanée des pages Web
ainsi que le téléchargement rapide de
gros fichiers sonores ou vidéo. ADSL est l'acronyme d'Assymetric Digital Subscriber Line, c'est-à-dire « ligne numérique asymétrique pour abonné ». Le terme « asymétrique » signifie qu'émission et réception ne
s'effectuent pas avec le même débit. Dans le cas contraire, on parle de DSL ou SDSL (S pour symetric). Contrairement à l'ADSL, une connexion câblée est partagée : cela
signifie qu'un même câble sert simultanément à plusieurs utilisateurs. Aussi, le débit avec lequel les informations sont véhiculées vers un ordinateur à un instant donné dépend du nombre d'ordinateurs connectés via ce câble à cet instant : plus ce nombre est grand, plus le débit par ordinateur est faible. Tel n'est pas le cas avec l'ADSL où l'on a une ligne par utilisateur, comme avec le téléphone.
HTTP et URL
De même que le TCP/IP est le protocole de base sur internet, de même qu'il existe un protocole pour échanger le courrier électronique, le SMTP/MIME, ou pour faire des transferts de fichiers (FTP), il existe un protocole particulier de communication pour échanger les données du Web : l'HyperText Transfer Protocol ou HTTP. C'est avec ces quatre lettres que débute l'adresse ou l'URL (Uniform Ressource Locator) d'une page présentée sur le Web. L'URL est la syntaxe utilisée par le Web pour localiser un fichier ou un serveur sur internet. Elle est formée de trois parties qui désignent dans l'ordre :
1) le protocole à mettre en œuvre, par exemple http,
2) l'ordinateur avec lequel il faut établir la liaison (le serveur) et qui héberge le document recherché, par exemple www.constructif.fr,
3) l'adresse du document sur cet ordinateur, par exemple Site/Idx_home.asp.
Il faut donc appliquer le protocole http pour accéder à Site/Idx_home.asp qui se trouve sur la machine www.constructif.fr (le serveur Web de Constructif).
Cela donne :
http://www.constructif.fr/Site/Idx_home.asp
La partie comprise entre // et le premier / qui le suit désigne l'adresse du serveur. Quant à « www », cela signifie qu'il s'agit d'un serveur Web, et « fr » indique que le serveur est en France.
Browser
Lorsqu'on navigue (ou surf) sur internet, lorsqu'on passe d'une fonction à une autre (courrier, transfert de fichier, Web, etc.) ou d'un site au suivant, les protocoles à mettre en action peuvent être différents. Afin que l'utilisateur soit déchargé de tout souci, l'emploi d'un logiciel appelé browser (navigateur en français) capable de mettre en œuvre le bon protocole au bon moment, et de rendre la navigation agréable et interactive s'avère nécessaire. Netscape Navigator (1994) et internet Explorer (1995) de Microsoft sont les deux principaux browsers que l'on trouve sur le marché. Depuis peu, Firefox produit par la société Mozilla semble remporter un certain succès.
Le commerce sur internet
En pleine expansion, le commerce et la publicité par voie d'internet sont incontestablement en train de modifier profondément le comportement du consommateur et du commerçant. Cela implique en particulier la mise en place de systèmes de protection assurant la confidentialité des transactions et la protection des données personnelles. Les logiciels de cryptage dont sont dotés les browsers constituent l'une des clés de l'instauration de la confiance dans l'utilisation d'internet. Ainsi, actuellement, les fraudes relatives aux cartes bancaires sont bien plus difficiles à commettre via internet que par voies « classiques ».
- World wide web, signifiant « toile d'étendue mondiale ».
- Agence pour les projets de recherche avancée.
- En 1972, l'ARPA devient DARPA (Defense Advanced Research Project Agency).
- En réalité, il s'agissait de TCP. Celui-ci s'est scindé en TCP et IP en 1978.
- Un document hypertexte est te comportant des mots, des « liens » sur lesquels un simple « clic » renvoie vers d'autres documents éventuellement situés sur un autre site sur la planète.
Dans un document hypermédia on trouve des images, des vidéos...
http://www.constructif.fr/bibliotheque/2005-10/petite-et-grande-histoire-d-internet.html?item_id=2651
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