Brigitte Pousseur est directrice de la rédaction.
Avant-propos
Dans moins d’un an, le 1er
mai 2004, l’Union européenne comptera vingt-cinq membres.
La novation de cet élargissement ne réside pas tant dans
son ampleur – encore que la population de l’Union passera de
378 à 450 millions d’habitants – que dans la nature même
des entrants. Huit d’entre eux1 sont en effet
d’anciens pays communistes, qui vivent depuis la chute du mur de
Berlin une transformation radicale de leurs structures économiques,
sociales et politiques et doivent déployer de très importants
efforts pour satisfaire aux exigences qui leur ont été fixées
pour entrer dans l’Union européenne. La ministre polonaise
des Affaires européennes, Danuta Hübner, insiste d’ailleurs
sur le sérieux avec lequel son pays s’est préparé
pour ses « retrouvailles » avec l’Europe.
Cet élargissement à des pays
au niveau de vie sensiblement inférieur au nôtre ne manque
pas de susciter des craintes, d’abord dans les domaines économique et social, comme le rappellent
notamment Evelyne Pichenot et Christian de Boissieu. Mais ils remarquent
aussitôt que les opportunités sont plus importantes que beaucoup
d’observateurs ne le pensent, suivant ainsi les conclusions du rapport
de l’ancien Premier ministre néerlandais, Wim Kok.
Il est clair en effet qu’un
certain consensus se retrouve dans les pages qui suivent pour aborder
avec optimisme l’avenir de cette Europe une nouvelle fois élargie,
forte de ses acquis, de sa culture et de son identité, mais aussi
de sa prospérité et de son espace de paix, comme on l’observe
des deux côtés du Rhin. Que cet optimisme émane d’Européens
convaincus comme la ministre française, Noëlle Lenoir, Etienne
Davignon ou Alain Lamassoure n’étonnera pas. Mais ces Européens-là
ne se dissimulent pas que le chemin de l’Europe politique est encore
long. Et sans doute écouteront-ils l’avertissement du philosophe
André Glucksmann, pour qui « l’Europe court le risque
de s’encoconner dans son bonheur d’exister à huis clos,
oubliant combien l’histoire est tragique. »
Après avoir abordé
un sujet aussi important que l’Europe d’aujourd’hui et
demain, évoquer la dynamique du mécénat et des fondations
pourra sembler secondaire. Pourtant, il serait injuste de mésestimer
l’impact sur la société de ces formes de « partenariats
d’intérêt mutuel », pour reprendre les termes
de Jacques Rigaud. Au moment où le législateur renforce
ses incitations au développement des fondations, porter son regard
sur ce que font certaines d’entre elles, en France, mais aussi aux
Etats-Unis, doit nous faire réfléchir à ces formes
nouvelles de générosité.
- C’est-à-dire, la Hongrie, l’Estonie, la Lettonie, la
Lituanie, la Pologne, la République tchèque, la Slovaquie
et la Slovénie. Les deux autres nouveaux venus sont Chypre et Malte.
http://www.constructif.fr/bibliotheque/2003-6/avant-propos.html?item_id=2471
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