Julien DAMON

Rédacteur en chef de Constructif.

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Villes, villes géantes, villes moyennes

La ville n’existe pas. Il existe des villes, avec des définitions et des tailles de population très variées. Alors que l’urbanisation progresse à l’échelle globale, l’attention se concentre sur les métropoles les plus grandes. En France, les préoccupations à l’égard des villes moyennes sont élevées.

Les humains sont majoritairement urbains. La dynamique d’urbanisation, bien différente dans les pays en développement et dans les pays riches, accompagne des mutations et des interrogations majeures. Celles-ci se présentent sous des formes extrêmes dans les villes géantes. Elles affectent aussi les villes moyennes. Mais de quoi parle-t-on ? Quels sont les seuils permettant de distinguer les situations ? Quelles sont les perspectives ?

La dynamique planétaire d’urbanisation

L’ONU le claironne depuis 2008, et tout le monde reprend en chœur. La moitié de la population mondiale vit en ville. En 2050, les urbains représenteront 70 % des habitants de la planète. Les chiffres précis se discutent. Les dynamiques sont claires.

Sur le plan des discussions statistiques, le premier élément porte sur la définition d’une ville. En Norvège, les habitants sont comptés comme urbains dans des localités à partir de 200 habitants. Ce seuil est de 2 500 au Mexique, de 5 000 au Sénégal et de 50 000 au Japon. Les statistiques internationales reposent sur l’addition d’estimations issues de ces définitions variées.

Au-delà des disputes érudites, il apparaît que l’urbanisation des pays développés a déjà atteint des seuils très élevés, qui ne vont pas augmenter partout. À l’inverse, l’urbanisation de nombre de pays en développement devrait se poursuivre de façon soutenue.

L’urbanisation se poursuit massivement en Afrique et en Asie, régions les plus peuplées du monde. Ce n’est plus la vitesse de la croissance urbaine qui est en soi remarquable, mais l’ampleur du phénomène, sur des volumes considérables. De 2010 à 2050, la population urbaine asiatique devrait doubler, de 1,7 à 3,4 milliards de citadins. En Inde uniquement, c’est, sur la période, un demi-milliard de personnes supplémentaires qu’il va falloir loger en ville. En Afrique, la population urbaine triplerait, passant de 400 millions à 1,2 milliard.

La croissance urbaine résulte classiquement de trois mouvements :

  • l’accroissement naturel (différence entre le nombre de naissances et le nombre de décès) de la population des villes ;
  • les migrations des campagnes vers les villes (que l’on appelle aussi « exode rural ») ;
  • l’extension physique des villes, avec le reclassement de communes considérées auparavant comme rurales (cela étant largement dû au phénomène d’étalement urbain).

La majeure partie de l’urbanisation est maintenant imputable, dans les pays en développement, à l’accroissement naturel de la population vivant déjà en ville. Elle est liée d’abord, dans les pays développés, à l’étalement urbain.

L’urbanisation peut s’appréhender de trois manières : démographique, physique, civilisationnelle :

  • démographique : l’habitat s’urbanise et nous vivons toujours davantage dans des villes (selon les définitions nationales) ;
  • physique : l’urbanisation des terres conduit à l’artificialisation des sols, nécessaire à la production et à la vie dans les villes ;
  • civilisationnel : l’urbanisation des modes de vie est aussi une homogénéisation des modes de vie dans le monde.

Les conditions de vie peuvent être très dissemblables, mais les rêves, les usages, les normes se standardisent. Si vivre à Dacca et à Sydney ce n’est pas la même chose, les aspirations, représentations et attitudes sont partout plus urbaines et moins rurales.

L’urbanisation mondiale en cours présente des traits communs : les rues et les magasins des centres de Tokyo, de New York, de Londres et du Cap se ressemblent plus que jamais. Elle présente aussi des divergences radicales. Ce processus d’urbanisation tient, en effet, à deux dimensions opposées. On repère, d’abord, une « bidonvillisation » (une forte croissance des formes urbaines les plus dégradées et insalubres) 1. On repère, ensuite, une métropolisation accentuée (une concentration accrue des richesses et des pouvoirs dans les centres urbains).

Deux visions schématiques de l’urbanisation s’opposent, chacune insistant sur une des faces de l’urbanisation.

La première souligne les avantages de la vie urbaine. Augmentation des revenus et amélioration des conditions sanitaires accompagnent généralement l’urbanisation. Les facteurs qui améliorent la qualité de vie sont plus répandus dans les villes que dans les campagnes : meilleur accès aux services de santé, aux infrastructures, à l’information. Par ailleurs, les politiques publiques s’appliquent plus aisément en milieu urbain, avec des cibles plus larges, des économies d’échelle et une efficience accrue en ce qui concerne les transports, la gestion des déchets, l’éducation. Au total, les conséquences positives de la vie en ville viennent compenser pollution, crimes, embouteillages, surpeuplement, visibilité de la misère. Pour les optimistes, les avantages potentiels des villes excèdent largement leurs désavantages 2.

Une thèse inverse met en avant les périls d’une urbanisation mondiale non maîtrisée. Ce sont les pauvres qui alimenteront dans une très large mesure la croissance urbaine à venir. Certains voient dans cette direction une catastrophe à venir. Décrivant, non sans fondement, l’étendue des problèmes et des calamités, ils en font une description apocalyptique : insécurité et criminalité, absence de réseaux d’eau (et absence des servitudes et équipements d’hygiène les plus élémentaires, comme les toilettes), économie parallèle et gangs armés. De Nairobi à Rio, même sous des formats variés, une très grande partie de la population de nombreuses villes en développement vit dans ces conditions.

L’image opposant un monde urbain riche, vieux et relativement pacifié, avec son urbanisation derrière lui et des villes parfois muséifiées (que l’on trouve dans l’Union européenne), à un monde urbain pauvre, jeune et dangereux, confronté à l’explosion urbaine (au Nigeria par exemple), a sa part de caricature et de vérité.

Analyses et débats ont, en tout cas, tendance à se focaliser sur les villes les plus grandes.

Essor des villes géantes dans le monde

L’actualité et l’avenir des métropoles, et des plus grandes d’entre elles, les mégapoles, intéressent et inquiètent. Selon les données d’ONU-Habitat, le programme onusien chargé des questions urbaines, 2 000 zones métropolitaines (dont 20 en France) abritent, en 2020, un tiers de la population mondiale, contre un quart en 2000. Les projections démographiques, établies jusqu’à la fin du siècle, rapportent des croissances soutenues et dessinent des bouleversements dans la hiérarchie des villes.

Mais qu’est-ce qu’une métropole ? Le terme désigne juridiquement, en France, un nombre bien délimité de grandes villes. Le débat public s’enflamme souvent pour opposer les métropoles, dans l’Hexagone, au reste du territoire. Pour ONU-Habitat, la métropole est une agglomération urbaine faite d’une ville-centre reliée à d’autres villes, le tout composant un ensemble cohérent. Étymologiquement, la métropole est la ville mère. Les villes ainsi labellisées incarnent des territoires bien plus larges que leur seul ressort administratif 3.

Si la taille plancher pour appartenir à la famille internationale des métropoles est de 300 000 habitants, il n’y a pas de plafond. En 2020, 34 dépassent 10 millions d’habitants, tandis que 51 se situent entre 5 et 10 millions, 494 entre 1 et 5 millions, et 1 355 entre 300 000 résidents et 1 million.

D’ici à 2035, les projections d’ONU-Habitat envisagent 430 métropoles supplémentaires (3 en plus pour la France). La population des métropoles serait de 3,5 milliards d’individus, contre 2,6 actuellement, 1,5 en 2000, et 300 millions en 1950. La progression est rapide. En 2035, ce n’est plus seulement le tiers de la population mondiale totale qui habiterait ces sites, mais 69 %, soit, alors, les deux tiers de la population urbaine mondiale.


Les métropoles dans le monde

Source : ONU-Habitat, 2020.


La mégapole, de son côté, est, tout simplement, une grande métropole, une très grande ville. Selon les Nations unies, qui les appellent aussi les « mégacités », les mégapoles sont peuplées de plus de 10 millions d’habitants.

Si l’on se projette un demi-millénaire en arrière, aucune ville ne réunissait une telle population. Mieux, aucune ville ne dépassait 1 million d’habitants. Au milieu du XVIe siècle, Pékin rassemblait quelque 700 000 urbains, Le Caire, 300 000, Paris, 200 000. Pékin devient millionnaire à la fin du XVIIIe siècle, suivie par Londres au début du XIXe et par Paris aux alentours de 1830. Londres reste longtemps en tête des villes les plus grandes du monde, avec Paris en deuxième position jusqu’aux années 1880. Première ville américaine, New York va prendre le dessus, dans les années 1930, atteignant le seuil de 10 millions d’habitants au début de la Deuxième Guerre mondiale. Dans les années 1950, Tokyo gagne la première place, tandis qu’ensuite ce sont des villes du continent américain qui dominent : New York toujours, Mexico, Los Angeles, Sao Paulo, Buenos Aires, Chicago. S’intercalent alors juste Paris et Londres dans une hiérarchie qui va être bousculée au cours des années 1970 et 1980 par l’affirmation de Calcutta, Bombay et Séoul. Au début des années 1990, dix villes dépassent le seuil de 10 millions d’habitants. Au cours de la décennie 2000, l’Asie se renforce avec Delhi, Shanghai, Pékin et Dacca, qui franchissent le plancher de 15 millions d’urbains.

Il ressort de cet historique une ville qui demeure au plus haut du palmarès mondial, Tokyo, avec près de 40 millions d’habitants (chiffre 2021). Delhi, deuxième ville mondiale, est à 31 millions. Précisons qu’il s’agit toujours des aires urbaines et pas des délimitations institutionnelles. De la sorte, Paris, dans les comparaisons internationales, tourne autour de 10 millions, bien plus que les 2 millions qui habitent dans les limites du périphérique.

Ces données et ces évolutions sont retracées dans les World Urbanization Prospects, exercices de compilations rétrospectives et de projections réalisés par la Division de la population des Nations unies 4. L’ONU ne publie des projections métropolitaines et mégapolitaines (baptisons-les ainsi) que jusqu’en 2035. Avec ces données, il apparaît que Tokyo serait détrôné par Delhi vers 2030. C’est une nouvelle configuration globale des mégapoles qui se profile. En 2035, Tokyo serait toujours en deuxième position, mais avec 36 millions d’habitants seulement, contre 43 pour Delhi. Ensuite viendraient Shanghai (34 millions), Dacca (31), Le Caire (29), Mumbai (27), Kinshasa (27), Mexico (25), Pékin (25), Sao Paulo (24). New York (21) se trouverait encore derrière Lagos (24) et Karachi (23).

Des chercheurs du Global Cities Institute, au sein de l’université de Toronto, vont plus loin 5. Ils projettent les populations des mégapoles jusqu’en 2100. Ce n’est plus l’Asie et encore moins le continent américain qui prévalent. C’est l’Afrique. Lagos, avec presque 100 millions d’habitants, serait la première ville mondiale en 2100. Toujours avec le titre de première mégapole occidentale, New York arriverait seulement en 22e position, avec 30 millions d’habitants. Tokyo ne se tiendrait plus qu’en 28e position, avec 27 millions de citadins. Très loin derrière, Paris, avec 12 millions d’habitants, se trouverait en 67e position, et Londres, avec moins de 10 millions, en 86e.


Les 20 plus grandes mégapoles dans le monde…

Source : Global Cities Institute, 2020.


Les perspectives des villes géantes fascinent et effraient à bien des égards. Dans la réalité quotidienne et dans les politiques publiques des pays développés, ce sont les perspectives plus immédiates des villes moyennes qui intéressent.


Existe-t-il une taille idéale pour une ville ?

Un des premiers auteurs, et pas des moindres, à s’être intéressé à la taille optimale des villes est Aristote. Pour le philosophe grec qui évoque le sujet dans sa Politique, il existe un chiffre minimal d’habitants en deçà duquel une collectivité ne peut pas être une cité, et un chiffre maximal au-delà duquel la cité n’en est plus une. Et Aristote de préciser numériquement, dans son Éthique à Nicomaque : « Si dix hommes, en effet, ne sauraient constituer une cité, cent mille hommes ne sauraient non plus en former une. » Bien plus tard l’historien économiste Paul Bairoch a souligné lui aussi l’existence d’une taille critique des villes, comprise entre 500 000 et 1 million d’habitants, seuil à partir duquel les villes arrêteraient de croître car devenant trop difficilement gérables. Cette dernière analyse ne s’est pas vérifiée. Et la question de l’optimum territorial s’est déplacée de la seule mesure de la taille des villes à celle de la qualité de vie en ville. Non pas pour trouver la donnée parfaite, mais pour comparer les villes. La bataille des classements fait maintenant rage sur tous les sujets : démographie mais aussi attractivité économique, coût et qualité de la vie.


Déclin des villes moyennes en France

Désindustrialisation, dévitalisation commerciale, désertification. Les villes moyennes françaises incarnent, dans la diversité de leurs situations, une forme de déclin urbain. Reportages, rapports d’experts, ouvrages très documentés dépeignent une situation et un avenir préoccupants. Elles subissent de plein fouet la décrépitude des industries manufacturières, les recompositions des services publics et la spécialisation de zones périphériques d’activités assemblées souvent autour de grands centres commerciaux. La plupart d’entre elles s’estiment en difficulté, voire en déshérence. Elles craignent d’être sacrifiées par rapport à des territoires plus attractifs. Le tableau est certainement plus nuancé que ce qui est rapporté par des visions parfois catastrophistes. Des villes de province montrées du doigt, Albi par exemple, font d’ailleurs part de leur indignation face aux peintures trop sombres.

Incarnant un certain mode de vie et un patrimoine à la française, ces communes restent souvent prisées des touristes, mais elles préoccupent leurs habitants, qui peinent à y trouver tous les services et les emplois dont ils ont besoin au quotidien.

La catégorie de ville moyenne demeure imprécise. Il n’existe pas de définition canonique et définitive des villes moyennes, mais des conventions statistiques. La taille plancher de cette catégorie s’échelonne, en France, de 10 000 à 50 000 habitants, tandis que la taille plafond varie de 100 000 à 200 000 habitants. Une autre manière de compter consiste à recenser l’ensemble des agglomérations de moins de 100 000 habitants ayant, au moins une fois depuis les années 1960, compté au moins 50 000 habitants. Sont plus généralement considérées comme villes moyennes les communes dont la population s’échelonne entre 20 000 et 100 000 habitants. On compte environ 20 % de la population hexagonale vivant dans ces aires urbaines, c’est-à-dire dans les agglomérations des villes moyennes.

Le principal sujet de préoccupation des élus locaux, des experts et des opérateurs de l’aménagement du territoire est celui de leurs centres-villes, que l’on baptise parfois aussi centres-bourgs. Ceux-ci connaissent une déchéance commerciale marquée. Ils se particularisent par des rues auparavant commerçantes et remuantes, devenues vides. Aux enseignes « à vendre » et « à louer » dans des vitrines délaissées s’ajoute une ambiance morne et triste. Alors que les magasins et boutiques donnaient leur cachet à ces espaces, l’accélération de leur fermeture met en péril les équilibres socio- économiques de ces zones centrales.

La crise des villes moyennes procède essentiellement d’une crise commerciale, nourrissant une crise de la douceur de vivre. Sur le banc des accusés figurent les métropoles, qui asphyxieraient le reste du territoire, la désindustrialisation, les ventes en ligne et la dématérialisation du commerce, les grands centres commerciaux, l’omniprésence de la voiture individuelle. Celle-ci encombre les centres-villes tout en permettant d’accéder aux zones périphériques.

La prolifération des enseignes commerciales dans les zones périphériques alimente ainsi la désertification des centres. Il en ressort une sorte de double peine pour les villes moyennes. Le développement des grandes et moyennes surfaces dévitalise leurs centres et enlaidit leurs accès.

Certaines, profitant de leurs avantages patrimoniaux et touristiques, savent tirer leur épingle du jeu. D’autres présentent tant de problèmes que le découragement des commerçants et des habitants retentit sur le moral des élus.

En tout état de cause, les problèmes des villes moyennes, et tout particulièrement de leurs centres-villes, deviennent des sujets pour des politiques publiques plus volontaires. Et, loin de l’effondrement et de la désolation périphérique, nombre de ces villes savent faire preuve d’innovations. Elles organisent des festivals pour mettre en avant leurs traditions locales. Elles cherchent à capter les ressources engagées pour soutenir les initiatives liées à l’économie numérique : les centres de coworking, des clusters associant les universités, les entreprises, les centres de recherche. Elles se lancent dans du marketing urbain pour vendre leur marque et valoriser leur réputation. Elles cherchent à reconquérir des centres-villes par de nouveaux aménagements et des partenariats avec les enseignes commerciales. Globalement, elles entendent valoriser ce dont elles disposent tout en cherchant à capter de nouvelles ressources publiques (des centres universitaires par exemple) et privées (l’implantation de nouvelles entreprises). Ce volontarisme local se conjugue au pluriel et alimente une compétition accrue entre les villes. Ainsi les villes moyennes se spécialisent-elles, pour se différencier. Toutes doivent assumer leur rôle primordial d’interfaces entre les métropoles et les territoires ruraux.

Ces espaces urbains représentent toujours une sorte de ville idéale à taille optimale pour une majorité de la population. Les Français déclarent, sondage après sondage, préférer vivre dans des villes moyennes plutôt que dans les grandes agglomérations. À l’heure de la valorisation de l’authenticité et après les chocs de la crise de la Covid, elles concilient les exigences d’un cadre de vie à taille humaine dans un environnement relativement préservé. Certes, pollution et problèmes sociaux et environnementaux s’y retrouvent aussi, mais ces villes composent une échelle à laquelle il semble davantage possible d’agir.


Une « métropolophobie » française

Dans le monde, les métropoles canalisent les populations et les richesses. Elles concentrent aussi les interrogations et les controverses. Aujourd’hui s’opposeraient la France des métropoles et la France périphérique, un peu comme se seraient opposés Paris, une métropole unique, et le désert français. Le débat témoigne d’une certaine urbanophobie hexagonale. De Rousseau à Maurras, entre autres, le pays des 30 000 terroirs et des 300 fromages s’est toujours inquiété des villes, notamment les plus grandes. Une idée générale nourrit la critique. L’urbain prospérerait au désavantage des autres territoires. La ville assécherait les ressources du rural et des villes moyennes. La métropolisation se ferait au détriment de leurs périphéries. Assurément, pour prendre trois catégories sociologiques peu assurées, les bobos méprisent les ploucs et les prolos. Ces derniers détestent les premiers. Cependant, comme le soulignent les travaux de l’économiste Laurent Davezies, les flux socio-fiscaux des systèmes de redistribution vont dans le sens inverse de ce qui se déclame généralement au sujet du sacrifice des populations et des espaces oubliés 1. Certes, il y a des déserts médicaux, des agriculteurs dans la misère et de la connexion moins rapide à Internet. Mais sans le dynamisme économique des métropoles, il n’y aurait plus de rural. Les richesses produites en zones urbaines sont redistribuées vers les autres territoires. Par les prestations sociales (les retraites en particulier) et les services publics (plus denses, lorsque rapportés à chaque habitant, en zones moins compactes). En un mot, plutôt que décriées au nom des déséquilibres et des inégalités, les métropoles pourraient être célébrées au nom de la redistribution et de la solidarité.

(1) Laurent Davezies, La République et ses territoires. La circulation invisible des richesses, Seuil, 2008.


  1. Sur les bidonvilles à l’échelle globale, voir Julien Damon, Un monde de bidonvilles. Migrations et urbanisme informel, Seuil, 2017.
  2. Pour une illustration très fondée de cette thèse, voir Edward Glaeser, Triumph Of The city. How our Greatest Invention Make Us Richer, Smarter, Greener, Healthier, and Happier, Penguin Press, 2011, traduit sous le titre Des villes et des hommes (Flammarion, 2011).
  3. Sur les contours et définitions des thèmes urbains, voir Julien Damon et Thierry Paquot, Les 100 mots de la ville, PUF, « Que sais-je ? », 2014. Au sujet du rôle politique et économique des grandes villes, voir notre note « Les métropoles vont-elles gouverner le monde ? », Telos, 1er juin 2018, www.telos-eu.com/fr/societe/les-metropoles-vont-elles-gouverner-le-monde.html.
  4. https://population.un.org/wpp/.
  5. www.globalcitiesinstitute.org.
http://www.constructif.fr/bibliotheque/2022-10/villes-villes-geantes-villes-moyennes.html?item_id=7819
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