Julien DAMON

Rédacteur en chef de Constructif.

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Diversité des définitions, contraste des évolutions

Approcher et quantifier la pauvreté, dans ses différentes acceptions, n’est jamais chose aisée. Diverses définitions et délimitations se présentent. Des méthodes différentes s’emploient. Il ressort tout de même des ordres de grandeur et des dynamiques clairs, en particulier au sujet des transformations de la pauvreté.

« Ô pauvres ! Que vous êtes riches ! Mais, ô riches ! Que vous êtes pauvres ! »
Bossuet, De l’éminente dignité des pauvres, 1659

Qui et combien sont les pauvres ? Tout dépend des définitions. Sous un déluge de données et d’approches toujours plus sophistiquées, il est difficile de se faire aisément une idée. Et différentes thèses peuvent être valablement soutenues, à partir des mêmes sources d’information. Un peu de pédagogie s’impose. On proposera, d’abord, un tableau synthétique des différentes approches. On s’arrêtera, ensuite, sur les trois possibilités de suivi des phénomènes : indicateur simple, indice composite ou tableau de bord aux diverses dimensions. Enfin on soulignera, au-delà des chiffres, les principales transformations de la pauvreté.

Définitions et délimitations

Soulignons d’entrée qu’aucune définition ne s’impose. Résumons le fond du débat par une formule. La pauvreté a des dimensions relativement absolues (le dénuement total dans les pays pauvres, comme dans les pays riches). Elle est, dans une large mesure, absolument relative car elle dépend des gens, du moment et de l’environnement. Sur le plan des définitions la pauvreté s’entend principalement comme absence ou insuffisance de ressources (monétaires notamment).

La pauvreté relève, au moins, de trois dimensions : elle se trouve dans les esprits (des représentations), dans les textes (des normes), dans les poches (des budgets).

Des individus s’estiment eux-mêmes pauvres, ou bien sont estimés comme étant en situation de pauvreté.

Des textes du doit social et du doit fiscal délimitent des populations qui peuvent être dites pauvres. Les ressources des ménages, selon certains seuils établis par les experts, placent les membres d’un ménage en situation de pauvreté.

Une autre partition, plus technique, spécifie quatre approches : absolue, relative, administrative, ressentie. Par symétrie de conventions, on peut également approcher la richesse et l’opulence selon ces quatre approches. Le tableau suivant en contient une synthèse 1.


RICHESSE ET PAUVRETÉ EN UN TABLEAU


Une première approche délimite une pauvreté « absolue » : un seuil de ressources, qui ne varie pas en fonction des évolutions de la richesse, en dessous duquel on est compté comme pauvre. C’est l’option suivie aux États-Unis depuis la fin des années 1950. L’idée sous-jacente est de convertir en montant monétaire ce qui est nécessaire pour pouvoir, au minimum, se nourrir, se vêtir, habiter. Cette option, absolue, a également été retenue pour le calcul, par les institutions internationales, du nombre de personnes en situation d’extrême pauvreté dans le monde (disposant quotidiennement de moins de 1,90 dollar de pouvoir d’achat). Symétriquement, une approche absolue de la richesse ne doit pas faire référence à la distribution des revenus et des positions sociales. Une définition, semble-t-il proposée par un membre fondateur de la dynastie Rothschild, pourrait être de vivre des intérêts sur les intérêts de son capital. Mais une approche plus large, par exemple de vivre des seuls intérêts sur son capital, est certainement recevable. L’approche est, toujours, conventionnelle.

Un deuxième genre porte sur la pauvreté ou la précarité « administrative ». Sont pauvres, en France, les personnes qui bénéficient des prestations visant à atténuer la pauvreté (principalement les minima sociaux de type RSA, minimum vieillesse, etc.). Symétriquement, sont riches les personnes délimitées administrativement comme riches, par exemple lorsqu’elles vivent dans des ménages assujettis à l’impôt sur la fortune immobilière (IFI). Le nombre de riches et de pauvres dépend alors, au premier chef, du barème des prestations sociales et de la fiscalité 2. Encore une fois, il y a là une convention dont on peut discuter les fondements et les montants. Pour un chiffre sur la pauvreté « administrative », on peut recenser le nombre d’allocataires des minima sociaux. Fin 2020, on compte en France 4,5 millions d’allocataires, soit, avec les conjoints et les enfants, environ 7 millions de personnes concernées (soit 11 % de la population). Cette approche administrative peut être décriée comme « bureaucratique ». Elle est particulièrement sociologique, car elle correspond finalement assez bien à ce que le grand sociologue Georg Simmel (Les pauvres, 1907) avançait comme définition : « Les pauvres, en tant que catégorie sociale, ne sont pas ceux qui souffrent de manques et de privations spécifiques, mais ceux qui reçoivent assistance ou qui devraient la recevoir selon les normes sociales. Par conséquent, la pauvreté ne peut dans ce sens être définie comme un état quantitatif en elle-même, mais seulement par rapport à la réaction sociale qui résulte d’une situation spécifique. »

Une troisième famille méthodologique s’intéresse à la pauvreté « relative ». Les pauvres vivent avec des revenus et/ou dans des conditions de vie sous un certain seuil défini en fonction de la distribution des revenus et/ou des conditions sociales. Cette famille est la plus nombreuse dans la mesure où l’on peut distinguer trois sous-familles.

Dans un premier cas, totalement relatif, on estime que les pauvres sont les 20 % (ou les 10 %) les moins riches. Cette définition a les vertus de la simplicité. Elle ne permet cependant pas de mesurer des progrès en matière de diminution du taux de pauvreté puisque, par construction, il est fixe. Symétriquement, pour la richesse, ce sont les 20 % (ou les 10 %) les plus aisés.

Une deuxième sous-famille, la plus classique maintenant en France et dans l’Union européenne, approche la pauvreté à partir d’un seuil monétaire. Le seuil le plus souvent utilisé est à 60 % de la médiane des niveaux de vie (c’est-à-dire des ressources des ménages de toute nature – salaires, prestations, revenus du capital, etc. – dont sont soustraits les impôts directs). Relevons que ce seuil atteint un niveau élevé : en 2019, environ 1 100 euros mensuels pour une personne seule, 2 300 euros pour un couple avec deux enfants. Ce seuil de 60 % du revenu médian est discuté, et des experts lui préfèrent des seuils à 50 % ou à 40 % du revenu médian, cela permettant d’approcher une pauvreté plus réduite mais plus intense 3. De l’autre côté, ce montant d’environ 1 100 euros comme seuil de pauvreté correspond à ce que les Français, dans certaines enquêtes d’opinion, estiment, en moyenne, comme revenu net en dessous duquel un individu peut être considéré comme pauvre 4. Il est, en tout cas, important d’avoir à l’esprit que la mesure de la pauvreté monétaire relative est extrêmement sensible au seuil choisi. Avec un seuil à 60 % de la médiane des niveaux de vie, on compte plus de 2 millions d’enfants pauvres (i. e. de mineurs vivant dans des ménages sous le seuil de pauvreté). Avec un seuil à 50 %, on ne compte que 1 million d’enfants pauvres. Plus largement, avec un seuil à 60 %, on recense un peu moins de 10 millions de pauvres ; avec un seuil à 50 %, un peu plus de 5 millions. Une variation dans le seuil double ou divise donc par deux la pauvreté.

Une troisième sous-famille « relative » a trait aux conditions de vie. Une liste de biens et services (nombre de repas avec de la viande, accès à un téléviseur, vacances, sanitaires dans l’habitation, etc.) que l’on estime nécessaires est établie. On mesure la proportion des ménages qui ne disposent pas d’un certain nombre de ces éléments (trois ou quatre parmi neuf). Les personnes composant ces ménages sont dites pauvres en conditions de vie, ou en situation de privation matérielle. Bien entendu, rappelons le encore et encore, tout cela est conventionnel, donc infiniment discutable 5.

Une dernière approche, directe, de la pauvreté, appelée pauvreté « ressentie », ou « subjective », consiste à demander aux gens s’ils se considèrent actuellement comme pauvres ou exclus, ou s’ils considèrent avoir vécu, au cours de leur vie, une telle situation. Les résultats sont généralement édifiants. En 2021, 35 % des personnes interrogées, estiment, dans le baromètre Ipsos-Secours populaire, être en situation de pauvreté actuellement ou avoir déjà connu une telle situation. Elles étaient 30 % en 2009, mais 41 % en 2013. Dans l’enquête menée par le ministère des Affaires sociales, il ressort que plus d’un tiers des Français s’estiment aujourd’hui pauvres ou pensent le devenir dans les cinq prochaines années.


OPINIONS SUR LE RISQUE DE PAUVRETÉ

Source : ministère des Affaires sociales, Drees.


Indicateur élémentaire, indicateur synthétique ou tableau de bord

Le problème est classique. Comme la pauvreté présente de multiples facettes, elle s’apprécie selon de multiples dimensions. La pauvreté est multidimensionnelle. Le constat se répète, à juste titre, à l’envi. Associations expertes et institutions statistiques en conviennent pleinement. Comment, dès lors, rendre compte du phénomène ? Trois options principales se profilent, chacune avec ses atouts et ses inconvénients.

Un indicateur élémentaire. Faire le choix d’un indicateur élémentaire présente l’avantage de la simplicité et le désavantage de ne rendre compte que d’une des dimensions de la pauvreté. Le plus généralement, la pauvreté s’apprécie ainsi. C’est le cas de la plupart des mesures de la pauvreté monétaire, qu’il s’agisse des données classiques françaises, européennes, américaines ou mondiales. La définition et le seuil de pauvreté ne sont pas exactement les mêmes, mais le principe est commun. Il s’agit de disposer d’un indicateur unique basique.

Un indicateur synthétique. Privilégier un indicateur agrégeant plusieurs dimensions de la pauvreté permet de dépasser la critique faite à l’option de l’indicateur élémentaire. Il existe ainsi de multiples indicateurs synthétiques. Dans l’Union européenne, pendant toute la période 2010-2020 de la stratégie dite UE 2020, la pauvreté se comprenait comme l’agrégation d’une triple mesure : pauvreté monétaire, pauvreté en conditions de vie, éloignement du travail. À l’échelle internationale, le célèbre indicateur de développement humain (IDH) intègre trois mesures, le niveau de vie, le niveau éducatif et l’état de santé. Dans son prolongement, l’indice de pauvreté multidimensionnelle (IPM) inclut, en plus, l’accès à des services essentiels. Le défaut de ces indices composites procède de leur complexité mathématique mais aussi des débats infinis pour légitimer le nombre et la qualité des indicateurs élémentaires à assembler.

Un tableau de bord. La troisième option consiste à renseigner des tableaux de bord. Les dimensions de la pauvreté n’y sont pas agrégées dans un indicateur de synthèse. Elles sont insérées dans des tableaux qui peuvent être plus ou moins copieux. En France c’est ce que réalise l’Observatoire national de la pauvreté et de l’exclusion sociale (ONPES), lequel parle dans le titre de son tableau de bord de pauvreté et d’exclusion sociale. L’ensemble des lignes de ce tableau permet cependant bien une approche de ces différents sujets, pauvreté, précarité, exclusion, qui se recoupent en réalité très largement 6. En Europe, différents tableaux de bord ont ainsi été proposés et suivis. À l’échelle internationale, les objectifs du développement durable (ODD) se présentent dans un tableau de bord sur 17 chapitres et 169 cibles à atteindre. Celles-ci sont loin de toutes concerner la pauvreté, mais nombre d’entre elles s’y rapportent tout de même très directement. Le désavantage de l’option du tableau de bord tient aussi de sa complexité et du caractère infini du nombre de variables qui peuvent s’y ajouter. Tout comme un indicateur unique est imparfait, et un indicateur synthétique toujours assez compliqué, un tableau de bord n’est jamais considéré comme véritablement complet.

Sur le plan technique, chacune des trois options – indicateur élémentaire, indice composite, tableau de bord large – a ses partisans, et les débats sont loin d’être finis. Reste que l’approche la plus commune (et, partant, la plus débattue) de la pauvreté et de la précarité est celle de la pauvreté monétaire relative. En l’employant, on peut avoir des mesures de l’évolution de la pauvreté en France.


TABLEAU DE BORD, INDICATEUR ÉLÉMENTAIRE OU INDICE SYNTHÉTIQUE ?


Évolutions et transformations

La pauvreté augmente-t-elle ? Tout dépend, bien entendu, de la définition. Tout dépend également, tout aussi évidemment, de la période de référence. En France, par rapport au Moyen Âge, la pauvreté a été éliminée. Si on se réfère aux années 1980, avant l’introduction du RMI (devenu RSA), la situation des plus pauvres n’a plus grand-chose à voir. Si on s’intéresse aux années récentes, alors on n’observe pas d’évolutions franches de la pauvreté. Le taux de pauvreté, depuis le milieu des années 1980 oscille autour de 14 % de la population.

Sur une décennie, les choses ne semblent donc pas beaucoup bouger, même si les conséquences de la crise commencent vraiment à se faire sentir en 2010.

En effet, le taux de pauvreté a alors augmenté, à 14 % de la population, puis 14,3 % en 2011. Chose a priori surprenante, le taux a baissé ensuite entre 2011 et 2012, puis entre 2012 et 2013 pour se stabiliser à 14 %. Cette double baisse, inattendue, est liée à l’indicateur employé. Celui-ci est fonction du niveau de vie médian. Or, comme ce dernier a baissé, le seuil de pauvreté a baissé, et donc avec lui le taux de pauvreté. Il y a là une difficulté, à la limite de l’absurdité : l’indicateur retenu est à la baisse quand les problèmes (augmentation du niveau du chômage, baisse du niveau de vie) sont à la hausse ! C’est un élément d’étonnement et de débat pour l’avenir…

Les proportions masquent toutefois les volumes. En 2000, l’Insee recensait en France 7,8 millions de pauvres. Ils sont plus de 9 millions en 2019. Cette poussée de la pauvreté est à mettre en perspective. De fait, les mouvements récents, sous forme de yo-yo, du taux de pauvreté étaient de petite amplitude. Il n’en va pas de même en volume. L’augmentation du nombre de pauvres (et non du taux de pauvreté) est bien plus significative depuis le milieu de la décennie 2000. En 2011, on s’est retrouvé à un niveau qui n’avait jamais été atteint depuis le début des années 1970.

Mesurée, en proportion, depuis les années 1970, la diminution puis la stabilisation de la pauvreté, sous sa forme monétaire relative, masquent de profondes transformations. Tout d’abord, la pauvreté a rajeuni : en cinquante ans, le taux de pauvreté des moins de 25 ans a été multiplié par deux, alors que celui des plus de 65 ans était divisé de moitié. Aujourd’hui 20 % des moins de 25 ans sont comptés comme pauvres, moins de 10 % des retraités. La pauvreté s’est aussi déplacée des familles nombreuses vers les familles monoparentales. Ces dernières trouvant très majoritairement à leur tête des femmes, la « monoparentalisation » de la pauvreté alimente une féminisation de la pauvreté. Celle-ci touche désormais des actifs qui travaillent, en raison des doubles mutations du monde du travail et de la famille. La pauvreté est mieux, quoique imparfaitement, prise en charge par un État providence qui n’a jamais cessé de se développer, en particulier en matière d’aide sociale. La pauvreté, par ailleurs, s’est urbanisée, se concentrant particulièrement dans certains quartiers.

Au total donc, la pauvreté a surtout changé plus qu’elle n’a augmenté ou diminué.


ÉVOLUTIONS DE LA PAUVRETÉ MONÉTAIRE EN FRANCE

Source : Insee.


Dix transformations de la pauvreté française

En synthèse on peut décrire rapidement dix mutations qui ont affecté les questions et phénomènes de pauvreté depuis quelques décennies.

1. Inscription à l’agenda politique. Alors que le sujet de la pauvreté n’était pas un sujet d’importants débats pendant les Trente Glorieuses, il s’est imposé à partir des années 1980.

2. Rajeunissement de la pauvreté. Les pauvres étaient d’abord, pendant les Trente Glorieuses, les personnes âgées qui n’avaient pas encore accès à des régimes de retraite de qualité. Ce sont aujourd’hui principalement des jeunes et des enfants vivant dans des ménages jeunes qui n’ont pas accès à une insertion professionnelle stable.

3. Urbanisation de la pauvreté. La pauvreté est longtemps demeurée un problème d’abord rural. C’est désormais un problème urbain, très présent dans les centres métropolitains.

4. « Monoparentalisation » de la pauvreté. La pauvreté était un phénomène concentré dans des familles nombreuses. Aujourd’hui, alors que les familles nombreuses sont moins nombreuses et les familles monoparentales plus répandues, la pauvreté affecte d’abord les personnes vivant dans des familles monoparentales.

5. Féminisation. La monoparentalisation de la pauvreté est à rattacher à une certaine féminisation de la pauvreté. Les femmes à la tête de foyers monoparentaux ont plus de difficultés encore sur le marché du travail.

6. Problème des budgets contraints. Si les taux de pauvreté apparaissent relativement constants, l’augmentation du coût de la vie, et singulièrement des coûts du logement, a un puissant impact sur les budgets des plus défavorisés.

7. Davantage de travailleurs pauvres. Moins de pauvres âgés, mais plus de pauvres actifs. Les travailleurs pauvres sont certes des individus en situation professionnelle précaire, mais la pauvreté se mesurant non pas à l’échelle individuelle mais à celle du ménage, les travailleurs pauvres sont aussi des personnes vivant dans des familles à faibles revenus, même avec des emplois stables.

8. Dépendance accrue aux prestations. Si les taux de pauvreté restent relativement constants, c’est entre autres raisons parce que les dépenses sociales en général et les dépenses spécifiques pour remédier à la pauvreté augmentent.

9. Une politique publique prioritaire. Alors que la pauvreté n’était pas érigée en risque de sécurité sociale ni en priorité explicite des mécanismes de protection sociale, la lutte contre la pauvreté et l’exclusion est établie, depuis les années 1990, comme une priorité de l’ensemble des politiques publiques.

10. Une immigration disputée. La dernière transformation a trait aux évolutions des profils et des trajectoires migratoires. Le sujet est très sensible, même s’il est mathématiquement simple. Si un pays voit partir les ménages aisés et arriver des ménages défavorisés, la pauvreté s’y accroît. Au moins dans le court terme.


Reprise à la hausse de la pauvreté globale

Le taux de pauvreté est resté globalement stable en France en 2020, grâce aux dépenses sociales consenties pour amortir les conséquences de la crise Covid. À l’échelle globale, où la pauvreté se mesure habituellement sous un seuil à 1,90 dollar par jour et par personne, c’est une forte dégradation qui s’observe. À l’horizon 2030, l’objectif de la communauté internationale consiste à mettre fin à cette forme extrême de pauvreté. L’optimisme prévalait depuis une vingtaine d’années. La crise Covid et ses conséquences économiques changent la donne. En 2020, plus de 100 millions de personnes grossiraient les rangs de la pauvreté. Mais ce pourrait être jusqu’à un demi-milliard selon d’autres approche de la pauvreté, en conditions de vie. Les tendances s’inversent en fait sur nombre d’indicateurs du développement. Plus que les données précises, ce sont les ordres de grandeurs qui importent. Et qui alarment.




  1. Sur ce tableau, voir Julien Damon, L’exclusion, PUF, « Que sais-je ? », 5e édition, 2018. Et, plus largement, sur toutes les méthodes d’évaluation de la pauvreté, voir Julien Damon, Éliminer la pauvreté, PUF, « Quadrige », 2010.
  2. En incise, soulignons tout de même que si la pauvreté s’estime généralement en fonction du revenu, la richesse s’apprécie plus communément en fonction du patrimoine.
  3. Voir, en particulier, les différents travaux et prises de position de Louis Maurin, directeur de l’Observateur des inégalités (www.inegalites.fr). L’OCDE fait également ce choix du seuil dit « à 50 % ».
  4. Voir les sondages menés maintenant tous les ans par Ipsos pour le Secours populaire sur les Français et la pauvreté.
  5. Pour continuer sur ces sujets, on peut renvoyer, autant pour discuter des définitions que pour s’informer des données, aux deux sites de la statistique publique nationale et européenne : www.insee.fr ; ec.europa.eu/eurostat/fr.
  6. L’ONPES a été intégré au Conseil national des politiques de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale (CNLE, www.cnle.gouv.fr). On peut retrouver assez aisément ses tableaux de bord.
http://www.constructif.fr/bibliotheque/2022-6/diversite-des-definitions-contraste-des-evolutions.html?item_id=6818
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