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Frédéric SAINT-GEOURS

est président de l’Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM).

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« Réenchanter » l'industrie

Et si nos jeunes faisaient le pari de l'industrie ? Les importants besoins de recrutement des industries technologiques dans les cinq années qui viennent leur en offrent la possibilité. La campagne de communication engagée depuis 2009 par l'UIMM et son réseau territorial est destinée à leur en donner l'envie.

L'industrie recrute, elle se développe en France et offre un concentré extraordinaire de savoir-faire, de talents et de perspectives internationales pour les jeunes. Ce message vient renverser l'image habituellement servie sur l'industrie. C'est pourtant une réalité. Les industries technologiques vont recruter dans les cinq ans à venir 60 000 à 80 000 salariés par an, même en tenant compte d'un environnement économique difficile. Ces besoins de recrutement naissent de la pyramide des âges, particulièrement favorable aux jeunes dans les prochaines années.

Le défi de l'image

Modifier l'image de l'industrie est un défi que nous devons partager avec tous : les jeunes, leurs prescripteurs que sont leurs parents et le milieu scolaire, les salariés en reconversion... C'est une ambition clé pour l'avenir de notre économie et de notre société. Ce sont les ingénieurs et les techniciens qui, au travers de l'innovation, construisent notre avenir en répondant aux besoins de la société, notamment en matière de santé ou de performance environnementale. Le défi des compétences est au cœur du développement et de la compétitivité de nos entreprises.

La crise que nous subissons depuis 2008 démontre que, sans industrie forte, les États perdent leurs capacités d'exporter, des ressources investies dans la recherche et développement, et beaucoup d'emplois. Il n'y a pas d'économie forte sans industrie forte.

L'UIMM et son réseau territorial ont ainsi engagé en 2009 un programme inédit de communication visant à améliorer l'image des métiers industriels auprès du grand public et à donner l'envie aux jeunes d'investir leurs talents dans les industries technologiques.

Ces initiatives nouvelles intègrent les conclusions d'analyses et d'études conduites auprès de nos publics-cibles pour répondre à l'enjeu d'image et de perception de l'industrie, mais aussi au besoin d'information exprimé par ces publics.

Un « point zéro » d'image réalisé en avril 2011, en amont de la première Semaine de l'industrie, nous a confirmé la nécessité de corriger le déficit d'image de l'industrie auprès des enseignants du secondaire, des lycéens et des étudiants.

Une bannière unique

Si le réseau territorial de l'UIMM et de ses centres de formation est depuis longtemps engagé dans des campagnes de communication sur les métiers de l'industrie, l'action menée depuis trois ans vise à conforter ces actions, à leur donner plus de visibilité et de lisibilité en les plaçant sous une bannière unique, « les industries technologiques ». Le slogan mobilisateur « L'avenir on y travaille » est ainsi déclamé dans un cadre cohérent, relié à une politique de formation de la branche métallurgique et aux besoins en compétences des entreprises.

Le dispositif de communication déployé se décline autour de quatre opérations complémentaires :

  • un site, Les-industries-technologiques.fr, pour l'information sur l'industrie, ses métiers et les formations organisées pour y accéder, sur lequel se trouve une rubrique qui permet de déposer les candidatures et les offres d'emplois ;
  • un serious game, « Driveforsuccess », jeu sur Internet adossé au site d'information pour attirer les plus jeunes en leur faisant découvrir de manière ludique les métiers de l'industrie ;
  • une émission de télévision, « Mon métier à venir », coproduite avec M6 et W9, qui, à travers le suivi pendant cinq semaines du début d'expérience de cinq jeunes en apprentissage avec leur tuteur, montre la réalité de l'industrie et permet d'aider les jeunes à se projeter dans différents univers industriels ;
  • le Propulsion Tour, composé de deux caravanes, a pris la route début octobre 2011 pour faire un tour de France en trois ans et aller à la rencontre des lycéens et collégiens ainsi que de leurs enseignants et les sensibiliser à la réalité de l'industrie et aux perspectives offertes par ce secteur.

Des résultats dans la durée

Cette opération, inscrite dans le cadre d'un partenariat avec le ministère de l'Éducation nationale, illustre sur le terrain une vraie volonté de travailler ensemble à relever le défi de l'orientation des jeunes en leur donnant, au bon moment et de manière concrète, les moyens de faire les choix sans méconnaître les opportunités offertes par l'industrie.

Nous savons que ce programme produira réellement ses effets dans la durée. Les expériences de l'artisanat ou d'une profession comme le bâtiment témoignent également du fait qu'un engagement dans la durée est nécessaire. Elles constituent aujourd'hui un exemple pour les industries technologiques que nous représentons.

Un baromètre d'image nous permettra d'évaluer régulièrement l'impact réel de toutes ces actions. Il est clair que ces outils de communication constituent des opportunités de mobilisation de tous les acteurs. La prochaine Semaine de l'industrie, prévue du 19 au 25 mars 2012, offrira encore l'occasion de témoigner de cet élan collectif au service de l'industrie, de nos territoires et de nos jeunes. L'UIMM prend toute sa part dans cette mobilisation, c'est pour nous une responsabilité et une fierté vécue sur le terrain.

Une perception paradoxale

Les a priori ont la vie dure. Et les Français ne sont pas à un paradoxe près ! C’est ce qui ressort du premier baromètre réalisé en avril 2011 pour le compte de l’UIMM sur le thème des Français et de l’industrie. Commandé à l’institut OpinionWay, ce sondage fait apparaître plusieurs résultats pour le moins contrastés quant à l’image que nos concitoyens ont des industries technologiques. Ainsi, si seulement 40 % d’entre eux se déclarent attirés par ce secteur, ils sont près de neuf sur dix à se dire prêts à inciter quelqu’un à se tourner vers les métiers qui y sont proposés (87 %). Les deux résultats ont évidemment de quoi surprendre. C’est pourtant le reflet d’une réalité à deux faces. Avec, d’un côté, l’image d’un secteur où certains métiers sont réputés difficiles, voire pénibles, et qui offre peu de perspectives d’évolution professionnelle (surtout aux salariés les moins diplômés). Et de l’autre, celle d’un secteur dynamique, performant et dont les innovations contribuent à l’image d’excellence de la France, tant sur son marché intérieur qu’à l’international. L’image que les Français se font de l’industrie dépend donc du point de vue où ils se placent.

Le sondage réalisé en avril 2011 a pour principal intérêt de mettre en évidence les freins mais aussi les leviers d’attractivité du secteur. L’activité industrielle est ainsi fortement associée à la technologie, à l’innovation dans la fabrication de produits qui facilitent notre quotidien et au développement de grands projets. En revanche, les conditions réelles de travail, la diversité des métiers, les opportunités de carrière qui peuvent s’y développer sont mal connues du public, et l’industrie en tant qu’employeur est moins bien perçue. De même, auprès des enseignants, un effort d’information et de pédagogie sur les formations apparaît nécessaire pour faciliter l’orientation des jeunes. Pour preuve, les résultats du sondage font apparaître que moins d’un enseignant sur trois se déclare attiré par ce secteur !

http://www.constructif.fr/bibliotheque/2012-2/«-reenchanter-»-l-industrie.html?item_id=3155
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