Economiste à Rexecode, en charge principalement des questions monétaires et financières. Elle est docteur en économie.
Délégué général du Centre d’observation économique
et de recherches pour l’expansion de l’économie et le
développement des entreprises (Coe-Rexecode).
Le logement à Paris, un placement gagnant sur cent ans
L’étude comparative des rendements des
différents placements que vient de réaliser Rexecode révèle
que le logement à Paris est l’investissement le plus performant
sur cent ans. Au cours des vingt-sept dernières années toutefois,
le placement actions l’emporte sur le logement mais pas sur les bureaux
en Ile-de-France.
Bien que les performances passées ne puissent
préjuger de celles à venir, savoir comment dans le passé
les rendements des différents placements se sont comportés
est éclairant pour l’investisseur. Nous avons mesuré
la rentabilité d’un placement immobilier aussi bien en logement
qu’en bureau que nous avons comparée à la rentabilité
des placements financiers – actions, obligations, marché monétaire
– et d’un placement en or. Les calculs ont été
menés sur l’ensemble du xxe siècle. Ce n’est qu’à
partir de 1974 que nous avons pu prendre en compte l’immobilier de
bureau, faute de données disponibles avant cette date.
Les
principales conclusions sont les suivantes. Sur ces cent dernières
années, c’est le placement en logement à Paris qui
s’est révélé le plus performant, dépassant
largement la rentabilité d’un placement en actions, et a fortiori
en obligations, ou sur le marché monétaire ou d’un
placement en or. Sur ces vingt-sept dernières années, la
hiérarchie est différente. Le placement en actions l’emporte
sur celui en logement dans la capitale, mais le placement en immobilier
de bureaux en Ile-de-France fait aussi bien que le placement en actions,
qui l’emporte toujours sur le placement obligataire ou monétaire
ou sur l’or.
Un peu de méthodologie
Pour mesurer la performance réelle de différents
placements à travers le temps, il faut tenir compte de la dépréciation
du pouvoir d’achat de la monnaie, et raisonner en monnaie à
pouvoir d’achat constant. Nous avons déflaté le prix
des actifs et les revenus tirés de ces actifs par l’indice
des prix à la consommation de l’Insee.
Pour que la comparaison des performances soit correctement
faite, il faut tenir compte à la fois du prix des différents
actifs et des revenus annuels qu’ils procurent : loyers pour les
logements et les bureaux, dividendes pour les actions, intérêts
reçus pour les placements obligataires ou monétaires. On
a fait l’hypothèse que les revenus annuels perçus étaient
systématiquement réinvestis dans le même actif ayant
procuré ces revenus. Les rentabilités sont mesurées
avant impôt.
Les données de base pour mener à bien nos
calculs sont tirées des travaux de Jacques Friggit pour ce qui
est des prix des logements et des loyers à Paris, publiés
dans Prix des logements, produits financiers immobiliers et gestion des
risques (Editions Economica, 2001). L’actualisation pour 2000 et
2001 a été opérée par nos soins à partir
des indices de prix des logements notaires-Insee et des indices Insee
des loyers à Paris. Pour ce qui est des prix et des loyers de bureaux
en Ile-de-France, nos données proviennent du cabinet Insignia-Bourdais.
Les données relatives aux taux d’intérêt, aux
cours et au rendement des actions et aux cours de l’or viennent de
l’Insee ou de la Banque de France.
La rentabilité de l’immobilier
résidentiel à Paris depuis 1901
En francs à pouvoir d’achat constant, le
prix moyen d’un logement à Paris a été multiplié
par 2,2 entre 1901 et 2001. La hausse n’a pas été continue.
Pratiquement stables jusqu’à la veille de la Première
Guerre mondiale, les prix vont ensuite baisser lourdement jusqu’en
1920. Suit alors une période de rebond qui va durer quinze ans,
mais qui ne permettra pas d’effacer la chute antérieure (au
sommet, soit en 1935, la décote est encore de 40 % par rapport
aux prix d’avant 1914). Survient alors une nouvelle vague de baisse
qui va durer quinze ans également pour se terminer en 1950. À
cette époque, le prix d’un logement à Paris est de
plus de 90 % inférieur à ce qu’il était au tout
début du siècle. La loi de 1948 va mettre fin à cette
baisse et redonner du souffle au marché.
Il faudra attendre quinze ans (1965) pour que le prix
retrouve son niveau de 1901. Au-delà, la hausse va se poursuivre
à un rythme plus modéré, qui va violemment s’accélérer
à partir de 1985. Un record absolu est inscrit en 1990 où
le prix se trouve multiplié par 2,7 par rapport à 1901.
Le dégonflement de la bulle immobilière va durer sept à
huit ans et ramener en 1998 les prix de l’immobilier à leur
niveau de 1987. La reprise de ces trois dernières années
a pratiquement permis de retrouver les niveaux de la fin de la décennie
1980. Au total, à travers d’amples fluctuations s’étalant
sur plusieurs lustres, le prix d’un logement à Paris aura
augmenté en moyenne de 0,8 % par an en terme réel sur ces
cent ans.
Si l’on ajoute à l’évolution
des prix celle des loyers nets de charges que l’on réinvestit
et en tenant compte aussi des frais de mutation, il s’avère
qu’un franc investi en 1901 vaudrait aujourd’hui plus de 46,4
francs en termes réels de sorte que, sur ces cent ans, la rentabilité
annuelle moyenne de ce placement ressort à 3,9 %. Cette tendance
longue recouvre évidemment des disparités temporelles. De
1901 à 1960, la valeur totale du placement est restée pratiquement
stable. Au-delà, elle augmente lentement jusqu’au début
des années quatre-vingt avant de connaître un boom entre
1984 et 1990 (+ 13,7 % par an en moyenne). Ce boom est suivi d’une
chute (- 30 % de 1991 à 1997) qui a fait place depuis trois ans
à une remontée. En 2001, le record de 1990-1991 est dépassé.
Sur ces trois dernières années, la performance est analogue
à celle observée au cours du boom des années quatre-vingt.
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Rexecode est un centre indépendant de veille
conjoncturelle macroéconomique et financière (www.rexecode.asso.fr).
Il a développé en son sein un club « Construction
et Immobilier ». Au-delà d’un suivi permanent
de la conjoncture du secteur de la construction et de l’immobilier
en France, en Europe et dans les principales régions du monde,
des travaux spécifiques sont régulièrement
présentés aux adhérents (trois réunions
par an).
Dans ce club, un modèle économétrique prévisionnel
a été notamment mis en place avec le cabinet Insignia-Bourdais
faisant le lien entre les scénarios macroéconomiques
et l’immobilier de bureaux en Ile-de-France (demandes, loyers,
prix…). Les résultats sur la rentabilité de l’immobilier
comparée aux actifs financiers présentés dans
l’article sont extraits d’un des derniers dossiers présentés
dans le Club.
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La rentabilité de l’immobilier de bureau en Ile-de-France
Selon les données fournies par le cabinet Insignia-Bourdais,
et disponibles depuis 1974, la hausse réelle des prix du mètre
carré de bureau en Ile-de-France a été d’environ
36 % sur ces vingt-sept dernières années. On observe en fait
deux cycles. Le premier qui va de 1974 à 1989-1990 enregistre d’abord
une baisse qui durera jusqu’en 1982. Au-delà s’ensuit une
période de hausse vigoureuse qui va porter les prix à un niveau
record en toute fin de décennie. Le deuxième cycle, qui a
démarré au début des années quatre-vingt-dix
et qui n’est peut-être pas terminé en 2001, voit d’abord
les prix reculer jusqu’en 1996 vers des niveaux inférieurs à
ceux de 1982. Depuis, les prix se redressent mais n’ont pas encore
retrouvé en 2001 leur plus haut de 1989. En tenant compte des loyers,
dont la hausse réelle a été globalement nulle de 1974
à 2001, la valeur globale d’un placement en immobilier de bureau
en Ile-de-France s’est accrue au rythme annuel moyen de 8 % sur ces
vingt-sept dernières années.
Si l’on compare le placement de bureau en Ile-de-France
à celui en logement à Paris, on constate que les prix des
logements ont un peu plus monté que ceux des bureaux. Mais en tenant
compte des loyers plus élevés pour les bureaux, il apparaît
que le placement de bureau a été plus profitable que celui
en logement avec un taux de rendement annuel moyen de 8 % contre 4,2 %.
La
rentabilité de l’immobilier comparée à celle d’autres
actifs
A l’exception de périodes fortement troublées
comme celles des guerres ou comme celles où l’inflation s’est
fortement accélérée, la performance des placements
en or est décevante. Ce placement, il est vrai, ne procure pas de
revenu. C’est le placement en actions avec réinvestissement
des dividendes qui se révèle le plus performant, surpassant
nettement les placements obligataires et ceux sur le marché monétaire.
Les placements sur les instruments de taux ont souffert sur la majeure partie
du siècle passé de l’inflation. Sur la période
récente, ce n’est que depuis 1983-1984 que les obligations dégagent
un rendement positif.
Sur l’ensemble du xxe siècle, le placement
en immobilier résidentiel à Paris a été plus
profitable que le placement en actions. Sa valeur réelle se trouve
multipliée par 46,4, alors que celle du placement en actions l’est
par 22,3. Il est vrai qu’en termes réels, les cours des actions
à Paris en 2001 sont à peine différents de ceux relevés
en 1901. Bien sûr, selon les périodes les résultats
diffèrent, notamment sur ces vingt-sept dernières années
où le marché des actions a « surperformé »,
profitant de l’envolée enregistrée de 1995 à
2000. Néanmoins, sur cette même période, et malgré
la crise intervenue dès le début des années quatre-vingt-dix,
le placement en bureaux en Ile-de-France a fait aussi bien que le marché
des actions, rattrapant récemment ce dernier qui a subi en 2001
le dégonflement de la bulle des valeurs technologiques.
http://www.constructif.fr/bibliotheque/2002-5/le-logement-a-paris-un-placement-gagnant-sur-cent-ans.html?item_id=2419
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