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Jacques-Philippe BROUX

est président-directeur général, fondateur de la chaîne Météo*

*La chaîne Météo appartient au groupe Lagardère Active. Elle émet en continu sur le câble et le satellite (Canalsatellite) des programmes de prévision météorologique

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Une demande de météo locale et actualisée

Les téléspectateurs souhaitent recevoir leur information tout de suite et l’offre de services de prévisions « sur mesure » de la chaîne Météo se développe en conséquence.

La chaîne Météo est-elle concurrente de Météo-France ?

Jacques-Philippe Broux : Nous entretenons de très bonnes relations avec Météo-France. Quand nous avons créé la chaîne, en 1995, Météo-France a pu voir en nous un concurrent, mais par la suite nos relations se sont détendues. J’ai expliqué à ses responsables que notre chaîne pouvait être un relais entre leurs informations et le public.

Au demeurant, nous sommes également leur client puisque Météo-France est propriétaire des stations de relevés et que nous leur achetons leurs observations et certaines de leurs prévisions. Mais nous utilisons également quatre autres modèles de prévisions : les modèles américain, russe, anglais et allemand. Nos prévisionnistes font la synthèse de ces modèles.

Y a-t-il des divergences importantes entre ces modèles ?

En pratique, il y a des différences sensibles entre modèles pour des situations très particulières. Par exemple, les combats entre air chaud et air froid en hiver peuvent se jouer à 300 kilomètres près et les modèles donner des résultats différents. C’est pour cela que j’ai souhaité avoir des « prévisionnistes maison », mais à 80 % le modèle de Météo-France est valable.

Quelle est la fiabilité des prévisions que vous donnez ?

Mon expérience montre que nous sommes fiables à 48 heures. Cette fiabilité descend à 70 % pour des prévisions à trois jours. Après, cela devient aléatoire : ce ne sont pas des prévisions, mais des tendances, même si celles-ci se sont beaucoup améliorées. Météo-France est un des meilleurs services de prévisions au monde et je me réjouis que ses données soient fiables pour les professionnels qui en ont besoin, mais il faut aussi garder la poésie d’une part d’inconnu !

Comment évolue la demande de vos téléspectateurs ?

Il y a des gens qui veulent connaître le temps du week-end le plus tôt possible, c’est pourquoi, dès le samedi, nous donnons les prévisions de la semaine, en dépit des incertitudes que je viens d’évoquer. Si les professionnels qui travaillent sur des chantiers font plutôt appel à Météo-France, nous recevons beaucoup de demandes précises, en particulier des gens du spectacle et, plus largement, de tous ceux qui organisent des manifestations en extérieur. L’été passé, pour le tournage d’un film à Orléans, l’équipe nous appelait tous les matins pour savoir s’il pleuvrait ou non dans la journée. Or, tout en sachant qu’une météo très locale comporte des risques, nous pouvons dire avec certitude s’il va pleuvoir ou non un jour donné.

Au-delà de l’information générale donnée sur votre chaîne, une demande de « sur mesure » se développe donc…

Oui. Nous avons d’ailleurs mis en place en juin 2002 une ligne téléphonique spéciale pour tous ceux qui souhaitent avoir un prévisionniste en ligne. Nous facturons un prix forfaitaire de 40 euros par appel et cela marche bien. Beaucoup de gens, organisateurs de concours hippiques ou de courses de bateaux, de mariages ou de communions, particuliers ou professionnels, sont prêts à payer pour ce type de service. Nous avons aussi un service audiotel sur les 36 000 communes de France.
Mais nous allons continuer sur la voie du sur mesure, par exemple en mettant en place un intranet pour un club de viticulteurs bordelais qui souhaitent connaître, entre autres, le point de rosée. Nous sommes une petite chaîne privée et notre réactivité doit nous permettre de bien répondre à des attentes variées.

Prévoyez-vous une évolution des services que vous proposerez dans le futur ?

Nous avons 3,8 millions d’abonnés. Nous sommes la seule chaîne uniquement météo diffusée en France. Pourtant, il est important pour nous de trouver des recettes pour compenser la baisse régulière de la rémunération qui nous est versée par les câblo-opérateurs. Nous cherchons donc à offrir de nouvelles prestations de services complets. Nous avons déjà conclu des accords avec Canal+, i >Télévision, Canal France International, ou avec des quotidiens comme Nice Matin ou Le Progrès de Lyon. Nous alimentons également des sites internet, comme ceux de sociétés autoroutières ou de Nature et Découvertes, par exemple. Nous avons des accords avec une trentaine de sociétés qui ont des besoins spécifiques de météo et auxquelles nous vendons des contenus adaptés.

En 1995, 100 % de nos recettes provenaient des droits d’antenne. En 2002, cette part n’était plus que de 70 %. Mon objectif est qu’en 2004 notre chiffre d’affaires se répartisse à 50/50 entre droits d’antenne et vente de contenus.

Concrètement, que demandent vos téléspectateurs ?

D’abord, ils souhaitent recevoir leur propre information tout de suite. Avec CanalSatellite, ils peuvent choisir le mode interactif et donc avoir immédiatement la prévision locale qui les intéresse, ce service connaît un très grand succès avec 10 millions de visites par mois. Sur le câble, nous avons introduit en septembre 2002 des prévisions à travers un déroulant, sur deux cents villes, en bas d’écran pendant tous les programmes.

Ils veulent aussi avoir des prévisions réactualisées le plus souvent possible. C’est pourquoi le matin nous avons un direct de 6 à 10 heures, les 365 jours de l’année ! Ensuite, nous réactualisons nos prévisions jusqu’à 21 heures. La réactualisation est notre force. Sur les chaînes hertziennes, les prévisions de 20 h 30 sont enregistrées à
15 heures ; il s’en passe des choses, en matière de temps, entre 15 h et 20 h 30 !

Quels autres développements vous semblent possibles ?

Nous allons développer de nouvelles rubriques concernant les phénomènes météo, en expliquant et en vulgarisant, ce que fait déjà aujourd’hui Michel Chevalet. Nous insistons sur la prévention. Par exemple, on compte quarante morts par an en France, victimes de la foudre ; pourtant, en cas d’orage, il suffit de respecter des consignes simples qui limiteraient les risques.

Par ailleurs, la chaîne Météo évolue au rythme des nouvelles technologies : nous avons vocation à être, et nous sommes déjà, sur les différents supports : internet, audiotel, minitel, i-mode…

http://www.constructif.fr/bibliotheque/2003-2/une-demande-de-meteo-locale-et-actualisee.html?item_id=2456
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