est chargé de mission auprès du directeur institutionnel et stratégique Retraite de PRO-BTP
Des unités d'accueil de plus en plus spécialisées
Depuis 40 ans, les instances dirigeantes des caisses
du Bâtiment et des Travaux publics ont su apporter des réponses
innovantes aux besoins spécifiques des personnes âgées.
Elles ont mis en œuvre une série de mesures concernant le
logement, les activités de loisirs, les aides pour les tâches
de la vie domestique et les soins aux personnes plus dépendantes.
Les buts de la politique sociale et médico-sociale
vieillesse de ces caisses n’ont pas varié au fil des ans.
Aujourd’hui comme hier, l’intégration sociale des personnes
dites du troisième ou quatrième âges est au cœur
de leur action. Les objectifs se sont cependant déplacés vers les personnes du grand âge et pour cause…
Faire face à l’augmentation de
la durée de vie
En 2020, les plus de 75 ans représenteront plus
de 10% de la population et les plus de 85 ans un peu plus de 3%. D’après
l’Ined, la population au-delà de 85 ans aura doublé
entre 1990 et 2020, passant de 1 à 2 millions, avec pour corollaire
une dépendance accrue.
Même s’il convient de relativiser cette évolution,
même si la tendance à une espérance de vie sans incapacité
se maintient, il n’en demeure pas moins que ce sont les tranches
d’âge les plus élevées qui restent les plus touchées
par les déficits physiques et psychiques (9% des personnes âgées
de plus de 80 ans et plus d’un tiers des personnes âgées
de plus de 90 ans sont confrontées à une dépendance
lourde).
Les causes du vieillissement démographique sont
connues1. Au-delà des problèmes économiques,
ces bouleversements posent la question de l’insertion des personnes
âgées dans la société, plus particulièrement
les plus fragiles : près de 18% des personnes âgées
de 65 ans, voire davantage, ont besoin de l’aide d’un tiers
dans leurs activités quotidiennes.
Différents sondages et enquêtes montrent
que les personnes les plus dépendantes vivent principalement à
leur domicile ou chez des proches, mais la prise en charge à domicile
rencontre des limites. C’est notamment le cas de celles qui souffrent
d’une dégradation des facultés intellectuelles et qu’on
oriente vers un établissement social, médico-social ou sanitaire.
La grande dépendance physique et/ou psychique est la première
cause d’entrée dans les structures médico-sociales.
Entre 1994 et 2000, le pourcentage de personnes très
dépendantes dans les établissements BTP-Retraite est passé
de 27% à 50%. Quant à la moyenne d’âge des résidents
des huit établissements du groupe PRO-BTP, elle est passée
en trente ans de 72 ans à 86 ans, dépassant même 89
ans dans deux d’entre eux. Cette tendance lourde va encore s’amplifier.
Une action urgente
De ce point de vue, le rapport du professeur Girard de
novembre 2000 sur la maladie d’Alzheimer est sans ambiguïté
: sur 500 000 personnes atteintes de démence en France, 300 000
souffrent d’Alzheimer. Les chercheurs estiment qu’une moitié
seulement des cas serait diagnostiquée et prise en charge, qu’il
y aurait chaque année 100 000 nouveaux cas, dont environ les deux
tiers chez des personnes de plus de 79 ans.
Il y a urgence à agir, notamment en développant
des possibilités d’accueil de jour dans les structures non
hospitalières, en créant davantage de possibilités
d’hébergement temporaire au sein des institutions, et en favorisant
la création d’unités d’accueil spécifiques
pour personnes démentes dans les institutions qui reçoivent
des personnes âgées.
Dès l’origine, les caisses du Bâtiment
et des Travaux publics ont joué un rôle moteur dans le domaine
de l’action sociale auprès des personnes âgées
:
Dans les années soixante, les hospices continuent à
accueillir les populations âgées dans des conditions
d’hébergement qui n’ont quasiment pas changé
depuis le début du xxe siècle.
Les partenaires sociaux des caisses du Bâtiment et des Travaux
publics prennent alors en compte les caractéristiques des métiers
du Bâtiment et imaginent une action sociale innovante autour
de trois axes :
- le maintien à domicile par des aides
financières (adaptation du logement, aides pour l’accès
aux soins et les actes ménagers) ;
- des activités de loisirs et des
séjours dans leurs centres de vacances pour rompre
avec la monotonie du quotidien ;
- l’expérimentation de maisons
de retraite dont les conditions d’accueil et de vie respectent
la dignité des résidents jusqu’à
la fin de leur vie.
Deux lois importantes – hospitalière 1970
et sociale 1975 – permettent aux établissements de consolider
leur vocation gériatrique et gérontologique.
A la fin des années soixante-dix, le conseil d’administration
de PRO BTP, fort de ce dispositif, adopte un premier plan de restructuration
lourde dans ses huit établissements médico-sociaux, avec
quatre objectifs.
- Accroître la médicalisation des structures, en créant
des lits de cure médicale.
- Améliorer
les moyens sanitaires avec lits spécialisés et des unités
de soins de longue durée.
- Aménager
des unités pour personnes dépendantes.
- Mettre
l’ensemble des bâtiments aux nouvelles normes de sécurité.
Des petites unités
Depuis, les attentes des personnes âgées
à l’égard des établissements ont considérablement
évolué. Les demandes d’admission sont de plus en plus
tardives, généralement liées à la perte d’autonomie
ou à un état de dépendance lourde. On accueille de
plus en plus de personnes isolées, de grand âge, atteintes
de pathologies multiples et en forte perte d’autonomie.
Dès 1995, le conseil d’administration de
BTP-Retraite lance un second plan de restructuration de ses établissements
pour répondre aux enjeux de la dépendance et aux besoins
d’accueil des grands vieillards. Il met en place des règles
précises pour la réalisation des travaux, avec contrôle
des opérations par un comité de suivi paritaire, phases
d’avancement des projets dans le cadre d’une procédure
rigoureuse.
Huit programmes sont lancés sur la base d’un
échéancier de travaux qui va de 1998 à la fin 2003.
Ces restructurations obéissent toutes au schéma suivant.
- Des chambres individuelles regroupées par 15 autour d’un lieu
de vie qui comprend les locaux de vie collective, les services nécessaires,
dont une salle polyvalente servant de salle à manger, un office
relais de restauration.
- La constitution d’unités fonctionnelles regroupant chacune
trois lieux de vie, afin d’assurer les soins médicaux et techniques.
- Des lieux de vie installés pour certains en rez-de-chaussée,
permettant la sortie dans un espace extérieur aménagé
et plus particulièrement adaptés aux résidents présentant
des troubles de l’orientation et du comportement.
- Un pôle central de service réaménagé (restauration,
bar, boutique…) pour faciliter la vie au sein de l’établissement
et la venue des familles dans un cadre agréable et convivial.
La mise au point de ce programme est le fruit d’un
travail collectif des personnels, notamment sur les locaux et les matériels.
Ce travail commun sur l’ensemble des centres médico-sociaux
du groupe a permis de donner aux maîtrises d’œuvre des
spécifications techniques précises, d’assurer une cohérence
sur toutes les opérations et d’économiser des phases
d’études. Il a également permis, pour le mobilier,
des appels d’offres d’équipements globaux pour les huit
établissements. Autant d’économies significatives,
sans négliger pour autant les qualités techniques et fonctionnelles.
Aujourd’hui, trois établissements fonctionnent
dans ces nouvelles structures. C’est une vraie mutation organisationnelle
soutenue par des plans d’action et des formations du personnel. Ces
formations visent particulièrement la compréhension des
troubles comportementaux et les pratiques à mettre en œuvre
pour les prévenir, le respect des règles d’hygiène
sanitaire et alimentaire induites par les nouvelles réglementations,
le service des repas dans les lieux de vie…
Des premiers bilans très positifs pour
les résidents et le personnel
Chacun souligne le climat de quiétude qui règne
dans ces nouvelles structures, la diminution des tentatives de fugue,
des errances extérieures, une qualité de prestation et de
vie collective… Les lois récentes sont venues conforter le
bien fondé des restructurations décidées en 1995
par les caisses du Bâtiment et des Travaux publics. A titre d’exemple,
citons la loi de 1997 et ses décrets de 1999 relatifs à
la réforme de la tarification, à l’obligation de négociation
de convention tripartite (assurance maladie, conseil général,
établissement), avec des objectifs d’amélioration de
la qualité de la prestation.
Sur ce point, les établissements du groupe se
trouvent parfaitement en phase avec les nouvelles exigences du législateur,
qu’il s’agisse des structures architecturales ou des méthodes
et moyens organisationnels. D’ailleurs, les services de l’institution
ont été fortement sollicités par l’administration
pour la définition de règles nouvelles qualitatives.
Les structures médico-sociales et sanitaires de
BTP-Retraite sont déjà mobilisées sur les prochaines
étapes qui paraissent s’articuler autour des activités
hospitalières.
Le déficit d’offre de soins entre une hospitalisation
complète et la médecine dite de « ville » est facteur de dérives préjudiciables
: chances thérapeutiques obérées par des diagnostics
inexistants ou trop tardifs, délaissement des personnes et de leur
entourage par manque de suivi médical et social, hospitalisations
prolongées, écourtées ou inadaptées, avec
augmentation de la perte d’autonomie à terme.
Dans la droite ligne des actions engagées, au
regard de la diversité des besoins liés au grand âge,
BTP-Retraite entend donc développer et élargir sa palette
de services et de structures pour accompagner le vieillissement, favoriser
les échanges entre établissements sanitaires et sociaux
avec des réponses multiformes et multipartenariales.
http://www.constructif.fr/bibliotheque/2002-11/des-unites-d-accueil-de-plus-en-plus-specialisees.html?item_id=2448
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