Bernard PETIT-JEAN

est chargé de mission auprès du directeur institutionnel et stratégique Retraite de PRO-BTP

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Des unités d'accueil de plus en plus spécialisées

Depuis 40 ans, les instances dirigeantes des caisses du Bâtiment et des Travaux publics ont su apporter des réponses innovantes aux besoins spécifiques des personnes âgées. Elles ont mis en œuvre une série de mesures concernant le logement, les activités de loisirs, les aides pour les tâches de la vie domestique et les soins aux personnes plus dépendantes.

Les buts de la politique sociale et médico-sociale vieillesse de ces caisses n’ont pas varié au fil des ans. Aujourd’hui comme hier, l’intégration sociale des personnes dites du troisième ou quatrième âges est au cœur de leur action. Les objectifs se sont cependant déplacés vers les personnes du grand âge et pour cause…

Faire face à l’augmentation de la durée de vie

En 2020, les plus de 75 ans représenteront plus de 10% de la population et les plus de 85 ans un peu plus de 3%. D’après l’Ined, la population au-delà de 85 ans aura doublé entre 1990 et 2020, passant de 1 à 2 millions, avec pour corollaire une dépendance accrue.

Même s’il convient de relativiser cette évolution, même si la tendance à une espérance de vie sans incapacité se maintient, il n’en demeure pas moins que ce sont les tranches d’âge les plus élevées qui restent les plus touchées par les déficits physiques et psychiques (9% des personnes âgées de plus de 80 ans et plus d’un tiers des personnes âgées de plus de 90 ans sont confrontées à une dépendance lourde).

Les causes du vieillissement démographique sont connues1. Au-delà des problèmes économiques, ces bouleversements posent la question de l’insertion des personnes âgées dans la société, plus particulièrement les plus fragiles : près de 18% des personnes âgées de 65 ans, voire davantage, ont besoin de l’aide d’un tiers dans leurs activités quotidiennes.

Différents sondages et enquêtes montrent que les personnes les plus dépendantes vivent principalement à leur domicile ou chez des proches, mais la prise en charge à domicile rencontre des limites. C’est notamment le cas de celles qui souffrent d’une dégradation des facultés intellectuelles et qu’on oriente vers un établissement social, médico-social ou sanitaire. La grande dépendance physique et/ou psychique est la première cause d’entrée dans les structures médico-sociales.

Entre 1994 et 2000, le pourcentage de personnes très dépendantes dans les établissements BTP-Retraite est passé de 27% à 50%. Quant à la moyenne d’âge des résidents des huit établissements du groupe PRO-BTP, elle est passée en trente ans de 72 ans à 86 ans, dépassant même 89 ans dans deux d’entre eux. Cette tendance lourde va encore s’amplifier.

Une action urgente

De ce point de vue, le rapport du professeur Girard de novembre 2000 sur la maladie d’Alzheimer est sans ambiguïté : sur 500 000 personnes atteintes de démence en France, 300 000 souffrent d’Alzheimer. Les chercheurs estiment qu’une moitié seulement des cas serait diagnostiquée et prise en charge, qu’il y aurait chaque année 100 000 nouveaux cas, dont environ les deux tiers chez des personnes de plus de 79 ans.

Il y a urgence à agir, notamment en développant des possibilités d’accueil de jour dans les structures non hospitalières, en créant davantage de possibilités d’hébergement temporaire au sein des institutions, et en favorisant la création d’unités d’accueil spécifiques pour personnes démentes dans les institutions qui reçoivent des personnes âgées.

Dès l’origine, les caisses du Bâtiment et des Travaux publics ont joué un rôle moteur dans le domaine de l’action sociale auprès des personnes âgées :

Dans les années soixante, les hospices continuent à accueillir les populations âgées dans des conditions d’hébergement qui n’ont quasiment pas changé depuis le début du xxe siècle.

Les partenaires sociaux des caisses du Bâtiment et des Travaux publics prennent alors en compte les caractéristiques des métiers du Bâtiment et imaginent une action sociale innovante autour de trois axes :

  • le maintien à domicile par des aides financières (adaptation du logement, aides pour l’accès aux soins et les actes ménagers) ;
  • des activités de loisirs et des séjours dans leurs centres de vacances pour rompre avec la monotonie du quotidien ;
  • l’expérimentation de maisons de retraite dont les conditions d’accueil et de vie respectent la dignité des résidents jusqu’à la fin de leur vie.

Deux lois importantes – hospitalière 1970 et sociale 1975 – permettent aux établissements de consolider leur vocation gériatrique et gérontologique.

A la fin des années soixante-dix, le conseil d’administration de PRO BTP, fort de ce dispositif, adopte un premier plan de restructuration lourde dans ses huit établissements médico-sociaux, avec quatre objectifs.

  • Accroître la médicalisation des structures, en créant des lits de cure médicale.
  • Améliorer les moyens sanitaires avec lits spécialisés et des unités de soins de longue durée.
  • Aménager des unités pour personnes dépendantes.
  • Mettre l’ensemble des bâtiments aux nouvelles normes de sécurité.

Des petites unités

Depuis, les attentes des personnes âgées à l’égard des établissements ont considérablement évolué. Les demandes d’admission sont de plus en plus tardives, généralement liées à la perte d’autonomie ou à un état de dépendance lourde. On accueille de plus en plus de personnes isolées, de grand âge, atteintes de pathologies multiples et en forte perte d’autonomie.

Dès 1995, le conseil d’administration de BTP-Retraite lance un second plan de restructuration de ses établissements pour répondre aux enjeux de la dépendance et aux besoins d’accueil des grands vieillards. Il met en place des règles précises pour la réalisation des travaux, avec contrôle des opérations par un comité de suivi paritaire, phases d’avancement des projets dans le cadre d’une procédure rigoureuse.

Huit programmes sont lancés sur la base d’un échéancier de travaux qui va de 1998 à la fin 2003. Ces restructurations obéissent toutes au schéma suivant.

  • Des chambres individuelles regroupées par 15 autour d’un lieu de vie qui comprend les locaux de vie collective, les services nécessaires, dont une salle polyvalente servant de salle à manger, un office relais de restauration.
  • La constitution d’unités fonctionnelles regroupant chacune trois lieux de vie, afin d’assurer les soins médicaux et techniques.
  • Des lieux de vie installés pour certains en rez-de-chaussée, permettant la sortie dans un espace extérieur aménagé et plus particulièrement adaptés aux résidents présentant des troubles de l’orientation et du comportement.
  • Un pôle central de service réaménagé (restauration, bar, boutique…) pour faciliter la vie au sein de l’établissement et la venue des familles dans un cadre agréable et convivial.

La mise au point de ce programme est le fruit d’un travail collectif des personnels, notamment sur les locaux et les matériels.

Ce travail commun sur l’ensemble des centres médico-sociaux du groupe a permis de donner aux maîtrises d’œuvre des spécifications techniques précises, d’assurer une cohérence sur toutes les opérations et d’économiser des phases d’études. Il a également permis, pour le mobilier, des appels d’offres d’équipements globaux pour les huit établissements. Autant d’économies significatives, sans négliger pour autant les qualités techniques et fonctionnelles.

Aujourd’hui, trois établissements fonctionnent dans ces nouvelles structures. C’est une vraie mutation organisationnelle soutenue par des plans d’action et des formations du personnel. Ces formations visent particulièrement la compréhension des troubles comportementaux et les pratiques à mettre en œuvre pour les prévenir, le respect des règles d’hygiène sanitaire et alimentaire induites par les nouvelles réglementations, le service des repas dans les lieux de vie…

Des premiers bilans très positifs pour les résidents et le personnel

Chacun souligne le climat de quiétude qui règne dans ces nouvelles structures, la diminution des tentatives de fugue, des errances extérieures, une qualité de prestation et de vie collective… Les lois récentes sont venues conforter le bien fondé des restructurations décidées en 1995 par les caisses du Bâtiment et des Travaux publics. A titre d’exemple, citons la loi de 1997 et ses décrets de 1999 relatifs à la réforme de la tarification, à l’obligation de négociation de convention tripartite (assurance maladie, conseil général, établissement), avec des objectifs d’amélioration de la qualité de la prestation.

Sur ce point, les établissements du groupe se trouvent parfaitement en phase avec les nouvelles exigences du législateur, qu’il s’agisse des structures architecturales ou des méthodes et moyens organisationnels. D’ailleurs, les services de l’institution ont été fortement sollicités par l’administration pour la définition de règles nouvelles qualitatives.

Les structures médico-sociales et sanitaires de BTP-Retraite sont déjà mobilisées sur les prochaines étapes qui paraissent s’articuler autour des activités hospitalières.

Le déficit d’offre de soins entre une hospitalisation complète et la médecine dite de « ville » est facteur de dérives préjudiciables : chances thérapeutiques obérées par des diagnostics inexistants ou trop tardifs, délaissement des personnes et de leur entourage par manque de suivi médical et social, hospitalisations prolongées, écourtées ou inadaptées, avec augmentation de la perte d’autonomie à terme.

Dans la droite ligne des actions engagées, au regard de la diversité des besoins liés au grand âge, BTP-Retraite entend donc développer et élargir sa palette de services et de structures pour accompagner le vieillissement, favoriser les échanges entre établissements sanitaires et sociaux avec des réponses multiformes et multipartenariales.

http://www.constructif.fr/bibliotheque/2002-11/des-unites-d-accueil-de-plus-en-plus-specialisees.html?item_id=2448
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