Cédric TELLENNE

Professeur de géopolitique en classes préparatoires HEC.

Partage

Recompositions géopolitiques, recompositions économiques

Dans le monde actuel, l’économie est devenue un terrain d’affrontement privilégié. D’un contexte géopolitique parfois difficilement lisible, mais marqué par la confrontation entre les États-Unis et la Chine, ressort une guerre économique mondiale. Elle se déroule sur tous les fronts et voit se recomposer les équilibres et les instruments de la puissance.

Une littérature de plus en plus abondante est consacrée depuis quelques années à la « désoccidentalisation » de l’ordre mondial, sous l’effet de la montée des grands pays émergents du Sud, et notamment des fameux Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud). Pour ne prendre qu’un exemple révélateur, l’historien et essayiste belge David Engels évoque le déclin de l’Occident non comme un simple accident de parcours mais comme un phénomène structurel et durable 1. Que faut-il en penser ? Cette prophétie était déjà celle de l’allemand Oswald Spengler il y a un siècle…

À n’en pas douter, notre monde connaît des recompositions très rapides depuis la fin de la guerre froide et l’avènement de la mondialisation contemporaine, tant sur le plan géopolitique que sur le plan géoéconomique. La géopolitique analyse les stratégies et rivalités de puissance et d’influence entre différents types d’acteurs (étatiques et non étatiques), dans un espace géographique donné 2. La géoéconomie s’intéresse elle aussi à des stratégies, mais d’ordre commercial et financier. Elle est davantage un complément qu’un substitut à la géopolitique : c’est la « grammaire du commerce » rencontrant les « logiques de la guerre », pour reprendre la célèbre formule d’Edward Luttwak 3.

Quelles relations établir dès lors entre recompositions géopolitiques et géoéconomiques ? Si ce sont bien les recompositions géoéconomiques (la mondialisation des marchés et des firmes, l’émergence du Sud – en particulier de la Chine –, la désindustrialisation du Nord) qui ont engendré, pour une bonne part, les recompositions géopolitiques (la multipolarisation du monde, sa « désoccidentalisation », la montée de nouvelles idéologies dominantes comme le nationalisme ou l’islamisme), celles-ci ne sont-elles pas devenues en retour les principaux facteurs des changements économiques en ce début de XXIe siècle ? C’est bien ce que tendrait à prouver l’aggravation récente des guerres économiques aux dimensions tarifaires, monétaires ou technologiques.

Un « nouvel ordre » géopolitique qui s’apparente au chaos

La mondialisation économique bouleverse en profondeur la géopolitique mondiale à partir des années 1990, générant un « nouvel ordre » qui a toutes les caractéristiques d’un chaos. Les recompositions économiques de notre monde recouvrent trois dimensions principales, toutes liées entre elles : l’émergence des économies du Sud dans un cadre de capitalisme dirigé, l’affaiblissement des États occidentaux libéraux face aux logiques de marché et à leurs acteurs (licites et illicites), les difficultés de la gouvernance économique mondiale.

La percée des « émergents » sur les marchés mondiaux depuis une trentaine d’années a bouleversé la hiérarchie économique mondiale. En termes de produit intérieur brut exprimé en parité de pouvoir d’achat, ceux-ci occupent désormais les premières places, selon le classement 2018 du Fonds monétaire international : la Chine en pole position, devant les États-Unis, puis l’Inde (3e), devant le Japon et l’Allemagne, puis la Russie, l’Indonésie et le Brésil, devant la France et le Royaume-Uni. Tous les indicateurs économiques soulignent le même basculement (partiel) du Nord vers le Sud : commerce international, flux de capitaux et transferts de technologie, délocalisations industrielles. En la matière, la Chine est le premier exportateur mondial et le deuxième récepteur et émetteur d’investissements directs étrangers, derrière les États-Unis, pour environ 12 % du total mondial. La Chine place 122 firmes multinationales dans les 500 premières mondiales. Elle fait ainsi jeu égal avec les États-Unis. C’est un capitalisme d’État qui permet de telles réussites, avec un degré de dirigisme avancé, que l’on va retrouver en Russie ou, de manière atténuée, en Indonésie, au Brésil ou en Inde.

À l’inverse, dans les économies libérales occidentales, les États, après des décennies de désengagement, souffrent de la récurrence des crises économiques et financières, et semblent être victimes de la mondialisation, incapables de protéger les populations de la désindustrialisation et des délocalisations. Les logiques de marché s’imposent sans réel contrepouvoir depuis les années 1980-1990, et avec elles des acteurs privés (firmes, lobbyes) parfois plus influents que les États, à l’exemple des « Léviathan du numérique » américains et chinois (Gafam et BHATX), qui étendent leur empire par-delà les frontières des États-nations et engendrent pour eux de nouveaux défis en termes de protection des données des consommateurs, de sécurité nationale, de fiscalité et d’emploi (« ubérisation »). Parallèlement, la mondialisation « grise » et ses acteurs profitent de l’abaissement des frontières : les groupes terroristes et les mafias internationales sont de plus en plus liés par le phénomène du « gangsterrorisme », qui ne connaît ni les frontières nationales ni la limite Nord-Sud. Ainsi, la ’Ndrangheta, la mafia calabraise, désormais la plus puissante du monde, cumule un chiffre d’affaires annuel évalué à 50 milliards de dollars, contrôlant le port international de Gioia Tauro, en Calabre, où elle entretient des liens commerciaux avec les cartels mexicains comme avec les groupes djihadistes arabes et sahéliens.

Dans ce contexte, les principes d’organisation de la mondialisation se trouvent bouleversés. En 2008, la création du G20, associant aux pays industriels du G8 un ensemble de dix pays émergents (plus le FMI et l’UE), démontre la nécessité d’une gouvernance internationale élargie à de nouveaux pays et étendue des questions financières aux questions sécuritaires et environnementales. Même constat au sein des grandes institutions internationales, où l’influence des émergents s’accroît : ONU, Banque mondiale, FMI (où la Chine par exemple a vu ses droits de vote doublés en 2015, passant à 6 %). Les nouvelles compétitions économiques remettent en cause le multilatéralisme à l’échelle mondiale : l’OMC est ainsi totalement bloquée depuis l’échec du cycle de Doha (2001-2013) et contournée par la signature de nombreux accords bilatéraux et régionaux comportant des clauses spéciales de règlement des litiges commerciaux qui permettent d’éviter le tribunal de commerce de l’organisation de Genève (Organe de règlement des différends).

Bref, ce sont bien des dynamiques économiques qui impulsent les changements géopolitiques de notre monde depuis les années 1990. Mais, en sens inverse, le « retour de la géopolitique » agit inévitablement sur la géoéconomie mondiale en ce début de XXIe siècle.

De nouvelles instabilités et de nouvelles insécurités

Si Edward Luttwak prophétisait dans les années 1990 le glissement de la géopolitique à la géoéconomie comme moteur des rapports de puissance, force est de constater actuellement le retour des logiques géopolitiques, liées au fait que les puissances émergentes sont animées d’une volonté de renverser l’ordre occidental hérité de l’histoire du XXe siècle (« révisionnisme »), comme le décrit par exemple le politiste américain Walter Russell Mead 4.

En effet, l’ordre occidental est accusé d’être responsable de l’affaiblissement et de la soumission, directe ou indirecte, des pays anciennement colonisés et dominés, ordre inique vécu sur le mode de l’humiliation. Ainsi, le grand dessein de la Chine pour le XXIe siècle est d’effacer les humiliations du passé et de reprendre le leadership mondial aux États-Unis, dessinant sa propre mondialisation selon les principes du « consensus de Pékin » : développement économique, autoritarisme politique, noningérence diplomatique. Le projet des « nouvelles routes de la soie » (rebaptisé en 2018 Belt and Road Initiative), la création d’une Banque asiatique pour les investissements et les infrastructures (BAII), en sont les vecteurs. Mais là où se déploient les intérêts économiques chinois, se déploient aussi les enjeux de sécurité pour Pékin, ce qui explique une politique d’armement ambitieuse, en particulier dans sa composante navale (acquisition récente de deux porte-avions), ainsi que l’ouverture d’une première base militaire chinoise à l’étranger, à Djibouti en 2017. Ses liens renouvelés avec la Russie et les pays d’Asie centrale, dans le cadre de l’Organisation de coopération de Shanghai, ne laissent pas d’inquiéter à l’Ouest. D’une manière plus générale, on voit s’affirmer dans les grands pays émergents un nationalisme à tonalité anti-occidentale plus ou moins affichée (Russie de Poutine, Turquie d’Erdogan, Iran des mollahs, Inde de Modi, etc.).

Face à ces défis, l’Occident décline, tout en se divisant. La priorité des États-Unis va désormais à l’Asie-Pacifique, depuis le « pivot asiatique » décidé par le président Obama en 2009. Ce tropisme a été confirmé par Donald Trump et étendu à l’océan Indien avec le nouveau concept d’« Indo-Pacifique » en 2018. États-Unis et Europe s’éloignent, ce dont témoignent spectaculairement l’échec du traité de libre-échange transatlantique et les tensions récentes au sein de l’Otan. Des fractures profondes apparaissent au sein de l’Europe elle-même : crise de la zone euro, épisode du Brexit, fractures ouest-est sur la question migratoire. Par ailleurs, l’Australie et la Nouvelle-Zélande, pièces maîtresses de l’Occident dans le Pacifique Sud, se rallient au projet chinois de RCEP (Partenariat régional économique global), signé en 2020. Au moment où les valeurs de l’Occident sont contestées et combattues un peu partout dans le monde, celui-ci n’est plus vraiment capable de « faire bloc », y compris dans sa relation avec la Russie. L’Europe baltique et centre-orientale la craint, l’Allemagne s’en rapproche, la France la ménage tout en s’en méfiant.

Le retour de la géopolitique, c’est aussi et surtout la multiplication des guerres civiles et asymétriques, à la fois causes et conséquences de la mondialisation, et sur lesquelles les grandes puissances ont perdu le contrôle, car elles ne disposent plus des relais efficaces d’hier (comme la France en Afrique, le Royaume-Uni au Proche et Moyen-Orient). Les guerres d’aujourd’hui sont liées à l’effondrement d’États faibles et faillis dans la mondialisation (Mali, Yémen, Somalie, Afghanistan, Soudan du Sud), ou effondrés sous l’effet d’interventions extérieures (Libye, Irak), et non plus au choc entre des États forts, comme ce fut le cas tout au long du XXe siècle. Les guerres se nourrissent du manque de contrôle des frontières par des États devenus, selon le mot du théoricien américain Richard Rosencrance5, « virtuels ». Ceux-ci laissent se multiplier les zones de non-droit (dites « grises ») et les trafics en tout genre. Le paradoxe est que les grandes puissances militaires y intervenant n’ont plus les moyens de remporter la victoire, car elles ne sont pas calibrées pour les guerres asymétriques et la contre-insurrection, malgré leur énorme supériorité technologique et économique.

Une guerre économique mondiale

De ces interactions déstabilisatrices entre recompositions géopolitiques et géoéconomiques découle une guerre économique mondiale, sorte de continuation de la politique par d’autres moyens. C’est ainsi que le célèbre théoricien de la guerre Carl von Clausewitz retrouve une certaine actualité. Dans De la guerre, publié dans les années 1830, il présentait la guerre comme un « caméléon » qui s’adapte aux différents contextes et modalités d’affrontement.

En effet, à l’heure où la guerre entre grandes puissances est totalement improbable du fait de leur niveau d’équipement en armes conventionnelles et non conventionnelles, et des interdépendances économiques qui les relient, l’économie devient un terrain d’affrontement privilégié. La guerre économique s’est affirmée en trois étapes : dès les années 1970, à l’heure des conquêtes commerciales du Japon et des nouveaux pays industriels d’Asie, occasionnant un néoprotectionnisme de la part des pays occidentaux ; dans les années 1990, lorsque les États-Unis se sentent attaqués commercialement par l’Europe et le Japon (guerres de la banane, du bœuf, combat pour l’exception culturelle) ; dans les années 2010, lorsque les économies frappées par la crise mondiale (dite des subprimes) prennent des mesures exceptionnelles de relance réservées à leurs entreprises. Elle atteint une sorte de sommet actuellement avec les passes d’armes entre États-Unis et Chine, déclenchées par un président Trump dénonçant le jeu de dupes du libre-échange mondial : guerre tarifaire, monétaire, technologique.

Cette guerre économique favorise un retour incontestable des États et de leurs frontières, au nom du patriotisme économique. Pour les tenants de la géoéconomie, les États retrouvent un rôle de stratège dans la guerre, élaborant des plans défensifs et/ou offensifs, finançant la course aux armements technologiques et financiers, tandis que les firmes sont au combat, chargées de la tactique à proprement parler. La victoire est sanctionnée par la conquête de parts de marchés, la défaite par la relocalisation, la faillite et le chômage. Le domaine des énergies est tout particulièrement concerné par ce phénomène (voir encadré).


LES ÉNERGIES DANS LA NOUVELLE GÉOPOLITIQUE MONDIALE

L’énergie est un des champs privilégiés de la géopolitique. Elle en est à la fois un moyen, un enjeu et un terrain, et ce aux différentes échelles de l’analyse spatiale. André Giraud, successivement directeur de l’Institut français du pétrole (1958- 1964), président de la Cogema (1976-1978) et ministre de l’Industrie (1978-1981), avait eu cette réflexion judicieuse à la suite du second choc pétrolier (1979) : « Le pétrole est une commodité à fort contenu diplomatique et militaire, avec une valeur fiscale indéniable et accessoirement un pouvoir calorifique. » Les enjeux géopolitiques de l’énergie sont donc prioritairement à l’échelle des États et de leurs relations, qu’elles soient d’ordre conflictuel (guerres du gaz entre Russie et Ukraine par exemple) ou d’ordre coopératif (Opep, AIE, projet Iter).

L’énergie a été placée tout au long du XXe siècle, et particulièrement à l’époque des chocs pétroliers, au cœur des stratégies de puissance et d’influence des États. C’est toujours le cas en ce début de XXIe siècle, après pourtant trois décennies de déréglementation. Si les prix sont toujours fixés sur les marchés spot (de gré à gré) ou à terme, les États exercent leur souveraineté sur les nouveaux territoires de l’énergie, en tirent des revenus substantiels et gardent ou reprennent la main sur les firmes énergétiques, notamment dans les pays émergents, ou à défaut les soutiennent dans leurs projets d’expansion et d’internationalisation (Total pour la France). La « diplomatie énergétique » est plus intense que jamais. L’énergie redevient donc sans conteste une affaire d’État, également pourvoyeuse d’affaires d’État (Elf, Petrobras). L’énergie est aussi objet de géopolitique locale, dans le périmètre de territoires infranationaux (États fédérés, provinces, régions, départements, villes, et même quartiers), où des questions d’aménagement et de gouvernance mobilisent, et souvent opposent, des acteurs comme l’État central, les collectivités locales, les entreprises, les associations et collectifs issus de la société civile (conflits autour des oléoducs géants Keystone et Keystone XL, de l’Alberta canadien au golfe du Mexique). La violence y est possible (« guerre du gaz » bolivienne en 2003).

À lire : Cédric Tellenne, Géopolitique des énergies, La Découverte, 2021.


Le risque majeur de cette guerre économique mondiale est évidemment un mouvement de « démondialisation », que certains auteurs annoncent depuis les années 2000 (le terme a été inventé par l’altermondialiste philippin Walden Bello). Il serait plus juste de parler de ralentissement de la mondialisation. Ainsi, les flux d’investissements productifs des firmes multinationales ne représentent plus, chaque année, qu’environ 2,5 % du PIB mondial contre 3,5 % dans les années 2000. Et certaines firmes décident de relocaliser dans leur pays d’origine (Master Lock ou Whirlpool aux États-Unis). La crise sanitaire de 2020 a totalement désorganisé les chaînes de valeur mondiales de ces firmes et créé des pénuries de composants et de pièces détachées (automobile, électronique et informatique, pharmacie), sur fond d’effondrement de l’économie (− 10 % dans l’OCDE). Si la démondialisation se confirme, elle risque d’introduire à son tour de nouvelles recompositions géopolitiques et géoéconomiques. L’une d’entre elles est déjà en cours : le passage accéléré à une mondialisation numérique, à forte composante tertiaire et financière (une sorte de « mondialisation 3.0 »), reposant sur l’intelligence artificielle et les flux intensifs de données informatiques. Les enjeux en termes de cyberconflits et de cybersécurité devraient dominer la géopolitique des prochaines années et décennies.

En conclusion, les recompositions à l’œuvre dans le domaine de la géopolitique comme de la géoéconomie sont à la fois très profondes et très rapides depuis les années 1990. Elles font du nouvel ordre mondial une sorte de « magma illisible ». Cette métaphore de Pierre Hassner 6, éminent spécialiste français des relations internationales disparu en 2018, a le mérite de nous rappeler que nous dansons tous sur le même volcan… Alors que la géoéconomie a façonné un temps une nouvelle donne géopolitique, c’est aujourd’hui la géopolitique qui est la principale force transformatrice de la géoéconomie. Comment comprendre autrement l’affrontement entre les États-Unis et la Chine, deux géants de la guerre économique qui sont surtout des rivaux pour devenir maître de la géopolitique mondiale, et risquent ainsi d’être pris dans le « piège de Thucycide » 7 pouvant mener tout droit à la guerre, comme Sparte et Athènes du temps de la guerre du Péloponnèse ?


  1. David Engels, Que Faire ? Vivre avec le déclin de l’Europe, Blue Tiger Media, 2019.
  2. Sur toutes ces notions, voir Cédric Tellenne, Introduction à la géopolitique, La Découverte, 2019.
  3. D’Edward Luttwak, lire en particulier Le turbo-capitalisme. Les gagnants et les perdants de l’économie globale, Odile Jacob, 1999
  4. Walter Russell Mead, « The Return of Geopolitics. The Revenge of the Revisionist Powers », Foreign Affairs, mai-juin 2014 (www.foreignaffairs.com/articles/china/2014-04-17/return-geopolitics).
  5. Richard Rosencrance, The rise of the virtual state. Wealth and power in the coming century, Basic Books, 2000.
  6. Pierre Hassner, La revanche des passions. Métamorphoses de la violence et crise du politique, Fayard, 2015.
  7. L’expression, en référence à l’historien grec de la guerre du Péloponnèse, a été inventée par l’universitaire américain Graham Allison. Elle désigne le risque de voir une puissance dominante entrer en guerre avec une puissance émergente qui lui conteste son hégémonie.
http://www.constructif.fr/bibliotheque/2021-3/recompositions-geopolitiques-recompositions-economiques.html?item_id=5767
© Constructif
Imprimer Envoyer par mail Réagir à l'article