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Changement de paradigme ?

L'effervescence qui, depuis le début des années 2000, caractérise la recherche dans les secteurs de la médecine et de la santé est sans précédent. La convergence de domaines jusque-là distincts - les NBIC : nanotechnologies, biotechnologies, informatique et sciences cognitives - ouvre des champs inédits d'expérimentation. Elle va transformer profondément la manière dont nous serons soignés et peut-être notre longévité, dessinant, pour reprendre les termes qu'emploie la journaliste Dominique Nora dans ce numéro, « une "médecine 3.0" connectée, prédictive, personnalisée, voire régénérative ». À l'horizon se profile un fabuleux marché, investi désormais par les acteurs privés - notamment ceux du big data - qui, outre-Atlantique, assurent déjà les deux tiers du financement de l'effort de recherche dans la santé.

Nouveaux acteurs, nouveaux espoirs et nouveaux questionnements se font jour : juridiques, sociétaux, mais surtout éthiques, puisqu'il ne s'agit de rien de moins, pour certains, que de transformer la condition humaine. Et ce n'est pas de la science-fiction, comme en témoignent dans le domaine militaire les projets très avancés recourant à la robotique pour « augmenter » ou « réparer » le soldat, voire le remplacer par des robots tueurs *.

C'est pourquoi, comme dans chaque numéro, Constructif donne la parole à des personnalités qui défendent des points de vue pluriels : « La révolution biotechnologique pourrait permettre l'impensable en accélérant le recul de la mort », écrit ainsi le docteur Laurent Alexandre. « Séduisantes sornettes », affirme quant à lui le biologiste Jacques Testart, tandis que le philosophe Jean-Michel Besnier évoque « des fantasmes d'un autre âge »...