est président de la Cité de l'architecture et du patrimoine et maire de Versailles.
Montrer l'architecture de la ville durable
La Cité de l'architecture et du patrimoine, à Paris, présente jusqu'au 1er novembre une grande exposition sur le thème « Habiter écologique : quelles architectures pour une ville durable ? ». Son président explique son ambition.
Quelle est la genèse de cette exposition ?
François de Mazières. Faire une exposition sur l'architecture écologique n'allait pas de soi, car ce concept fait un peu peur. Au moment de l'ouverture de la Cité, voilà deux ans, la « haute qualité environnementale » faisait polémique et était très attaquée par certains architectes. Pourtant, le sujet du développement durable me semblait important et j'ai donc demandé alors à Dominique Gauzin-Müller de préparer l'exposition que nous présentons aujourd'hui.
Cette exposition arrive à un moment d'apaisement : on sait que la HQE a des limites et on parle plutôt de bâtiments à énergie positive, d'empreinte écologique... Grâce à une réflexion collective, l'opinion a désormais une approche globale de l'environnement et de l'urbanisme. Notre souhait est donc bien celui-là : montrer l'architecture de la ville durable, sachant que le bâtiment n'en constitue qu'un des éléments.
La polémique qui a entouré la HQE vous semble donc révolue...
Oui. En 2007, ce que dénonçaient certains architectes comme Rudy Ricciotti, c'était le totalitarisme de la promotion de la HQE mais, depuis, les architectes ont pu élargir cette approche restrictive et adhérer à une conception plus large, on peut dire holistique, du développement durable. Notre exposition montre donc qu'après une période de déclin, la réflexion en France sur le développement durable a connu une vive reprise et comment cela se traduit concrètement. Mais, attention, nous ne sommes pas à Batimat : il ne s'agit pas de montrer aux visiteurs un choix de matériaux - même s'il y a une matériothèque dans l'exposition qui permet de découvrir les usages des matériaux recyclables - ou des maisons à acheter, mais bien d'élargir leur champ de connaissance et de leur montrer de nombreuses réalisations, anciennes ou contemporaines, à travers le monde.
Quel type de visiteurs accueillez-vous ?
De nombreux professionnels, bien sûr, mais aussi un public plus « patrimonial » et des familles qui viennent avec leurs enfants.
Votre exposition va de pair avec des appels à idées. Pourquoi ?
Notre vocation pédagogique porte aussi sur l'avenir. Nous savons ainsi que les Français veulent habiter majoritairement une maison individuelle, mais aussi que l'étalement urbain doit être évité. Nous avons donc lancé un appel à idées auprès de huit équipes d'architectes françaises et étrangères sur un bâtiment collectif associant les avantages d'une maison individuelle et ceux d'un bâtiment économe en énergie. Nous en présentons les résultats. Nous avons également lancé un appel à idées auprès de cinq écoles d'architecture sur un habitat destiné aux plus défavorisés, en partenariat avec la Fondation Abbé Pierre.
Avez-vous une action spécifique en direction des professionnels partenaires des architectes ?
Nos rapports avec le monde économique et industriel portent sur la réflexion générale, mais nous travaillons surtout avec les architectes et les maîtres d'ouvrage publics ou privés. Dans ce domaine, les décideurs publics sont souvent des élus qui ont peu de connaissances architecturales et réagissent à des images, sans avoir, par exemple, la capacité de bien connaître les agences. Notre rôle est de les y aider, mais aussi de leur faire comprendre qu'au-delà de la décision de faire, l'architecture est souvent la définition de la contrainte, du cahier des charges.
http://www.constructif.fr/bibliotheque/2009-7/montrer-l-architecture-de-la-ville-durable.html?item_id=2967
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