Emmanuelle WARGON

Ministre déléguée au Logement

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Introduction

Je suis particulièrement honorée d’avoir été invitée à introduire ce numéro de Constructif sur le foncier.

Une de mes ambitions en tant que ministre du Logement, dans la situation de crise sanitaire et économique actuelle, est de créer les conditions d’une reprise durable du développement de l’offre de logements et de l’amélioration de sa qualité. Au regard de notre démographie, des évolutions de la société et du dynamisme des territoires, nous devons poursuivre cet effort, inlassablement. Pour les logements existants, il passe par la rénovation, et notamment la rénovation énergétique, pour améliorer le confort et limiter notre consommation énergétique. Il passe tout autant par la création de nouveaux logements, là où nous en avons besoin, pour ceux qui en ont besoin, adaptés à leurs ressources financières, dans un cadre de vie conforme aux aspirations de nos concitoyens.

Pour cela, le foncier est un facteur clé.

Pendant plusieurs décennies, il a été considéré comme une ressource disponible. En France, les villes se sont étendues, beaucoup plus rapidement que l’accroissement de la population, bien plus que dans les autres pays européens. Mais cet étalement, en particulier sous la forme de zones monofonctionnelles, pavillonnaires ou commerciales, a multiplié les déplacements, accentué la dépendance à la voiture individuelle, détruit la nature et les champs en périphérie, éloigné les services de proximité. Si quelques vigies alertent depuis des années, la prise de conscience est désormais plus générale, si bien que la Convention citoyenne pour le climat en a fait un des chapitres de ses recommandations. Nous nous sommes donc fixé l’objectif de diviser par deux le rythme de l’étalement urbain en dix ans, ce qui est un point d’inflexion inédit, et nous avons concerté une feuille de route opérationnelle pour y parvenir.

Tenir cet objectif, c’est réduire la part du foncier que l’on peut grignoter sur la nature, sur les champs, sur les forêts, le foncier « facile » en somme. Pour concilier sobriété foncière et développement des territoires et de l’offre de logements, il faut ouvrir en grand le champ des possibles, s’engager sur la piste de territoires pionniers et s’aventurer sur des terrains inconnus.

En premier lieu, il s’agit de proposer à nos concitoyens un modèle alternatif au pavillon, à la fois plus dense pour rendre possible le développement de services de proximité et qui réponde aux aspirations d’espace, notamment extérieur. C’est une révolution culturelle qu’il nous faut mener avec l’aide de tous – urbanistes, architectes, aménageurs, promoteurs, élus locaux, etc.

En second lieu et à plus court terme, je souhaite m’appuyer sur les 650 millions d’euros que consacre le plan de relance à accompagner un changement d’approche sur le foncier. D’une part, l’État va inciter les collectivités locales à délivrer des permis de construire qui optimisent davantage le foncier disponible pour construire plus de logements sur les terrains artificialisés. D’autre part, il va financer la réhabilitation de friches pour pouvoir y installer logements et activités. C’est un gisement de foncier très important, que le Cerema* a inventorié, mis en ligne, et qui sera actualisé régulièrement afin de mieux le valoriser.

Au-delà de ces mesures, je me réjouis que ce numéro de Constructif aborde de nombreuses pistes pour inspirer les acteurs du secteur.

http://www.constructif.fr/bibliotheque/2020-10/introduction.html?item_id=5751
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